Theodora Goyle

Chez les Goyle, Theodora a toujours été à part. Dès sa naissance, on pouvait le deviner, à la lueur au fond de son regard - la gamine allait trancher. Pas à sa place dans cette famille aux mœurs trop strictes et rigides, pas à l'aise dans ce décor ordonné. Elle était de celles qui préféraient se salir les mains, explorer pour le simple bonheur de découvrir, passer des heures à l'extérieur et parler fort, sans jamais s'arrêter. Trop naturelle, Theodora, bien trop rebelle. Elle ne supportait pas de se laisser enfermer dans le carcan familial, à l'étroit dans le cadre que l'on voulait lui imposer – sans grand succès. Pourtant, ses parents ont bien tenté ; en tant qu'unique fille de la fratrie, Theodora était destinée à un mariage arrangé et se devait donc d'être irréprochable, l'épouse parfaite qui aurait dû assurer une alliance confortable et avantageuse. Il n'en fut jamais rien. Theodora, du haut de ses premières années déjà, rejetait avec force et entêtement tous les cours particuliers de bonne éducation. Elle esquivait et semait ses précepteurs, sans crainte des réprimandes. Véritable terreur.
Son admission à Poudlard, chez les Gryffondor, fut la goutte de trop. Même son frère ainé, pourtant très proche de cette petite sœur farouche à laquelle il était profondément attaché, s'en éloigna peu à peu. Un choix s'imposa alors à Theodora : sa famille, ou elle-même. Renier sa nature et rentrer dans le moule, ou vivre pleinement sa vie en repoussant les limites et les interdits.

La liberté au bout des doigts, la jeune fille continua alors sa scolarité le cœur plus léger. Elle s'éloigna davantage de cette famille autoritaire, aux idéaux trop éloignés des siens et de plus en plus dangereux à mesure que Grindelwald prenait du pouvoir. Ce dernier est d'ailleurs encore aujourd'hui le premier sujet de dispute, ou bien seul sujet tout court, entre Perseus et elle ; chacun bien retranché dans ses positions, obstiné et intraitable, décidé à faire flancher l'autre pour le ramener dans son camp et retrouver leur bonne entente d'antan. Une part de Theodora sait la chose impossible, mais elle s'acharne à essayer, sidérée qu'il ne puisse pas voir le mal que font les puristes.
Particulièrement impliquée dans la guerre, la jeune femme a rejoint la résistance il y a déjà quelques années. Elle trouve le moyen de concilier ses nombreux voyages pour le travail avec les réunions et les missions, laissant totalement sa vie privée de côté – en pleine guerre, qui a le temps pour de telles futilités ? Elle préfère s'occuper de ses dragons, traverser des contrées inexplorées par elle-même entre deux allers et retours dans son petit appartement, puis traquer les puristes quand elle peut rajouter quelques heures supplémentaires à ses vingt-quatre heures toujours trop chargées. C'est une pile électrique Theodora, un ouragan incapable de s'arrêter.