Scarlett Muirhead

Scarlett est née sur un champ de bataille.
De la guerre de ses parents, elle est le dommage collatéral.

Son premier cri s'est échappé au milieu du sang d'inconnus, dans les gradins d'un stade bondé et hurlant à la mort sous le sifflement des balles. Son premier souffle a résonné lors d'un dimanche ensanglanté, lorsqu'en représailles de l'assassinat d'agents britanniques, les Auxiliaries envahirent la pelouse d'un stade de foot et se mirent à tirer sur des innocents. Eux s'en sont tirés, mais d'autres n'ont pas eu cette chance. Son prénom, elle le tient de la plus jeune victime, une petite fille de dix ans que son père n'a pas réussi à sauver.

Ainsi née, Scarlett est destinée à combattre. Ses parents, engagés dans l'IRA, font de leur mieux pour mêler l'éducation de leur fille et leur quête de liberté. A aucun moment ils ne lui cachent les raisons de leurs batailles, et elle grandit en regardant avec fierté les blessures qu'ils abordent. A l'âge de huit ans, ils lui offrent sa première arme, banal couteau qu'elle tient entre ses doigts tel un cadeau divin. Elève modèle, elle doit pourtant mettre fin à ses leçons lorsqu'à l'âge de onze ans, elle est envoyée à Poudlard. Cliché parfait de la gryffondor, elle dévoile un courage à toute épreuve et une incapacité à rester froide face aux injustices qu'elle découvre. L'effervescence liée à la nouveauté s'efface bien vite et de ses cours, elle se lasse. Pourtant appréciée et toujours accompagnée de ses camarades, elle ne se sent pas à sa place dans le monde sorcier.

En 1936, alors âgée de quinze ans, elle renonce, elle abandonne l'école pour rejoindre ses parents, au grand damne de ces derniers qui l'accueillent pourtant à bras ouverts. En leur compagnie, elle apprend à se battre, à la moldue, s'il vous plaît. Sa baguette, elle s'en sert uniquement lorsqu'elle n'est pas capable de gagner, dernier rempart pour ne pas être achevée quand elle se trouve dans une position désagréable. C'est ainsi qu'elle se sent en vie. Il ne faut pas s'y méprendre, le sang qui coule, elle ne l'apprécie pas, mais pour elle, il est nécessaire pour que les générations à venir n'aient plus à se battre. Arme redoutable grâce à son visage pâle et à ses traits enfantins, Scarlett est sans pitié face à ses ennemis.

En 1940, c'est un autre combat qui l'appelle, un plus violent qui ne la laisse pas indifférente. Malgré l'IRA et la lutte qui la suit depuis son enfance, elle rejoint la France et c'est dans un petit village breton situé dans le Morbihan qu'elle s'installe, bien décidée à réduire à néant la violence des allemands. Pour cela, elle se sert de ses pouvoirs, sans se soucier des lois magiques qui lui interdisent. En compagnie de la résistance moldue, elle détruit, elle attaque des regroupements et dissimule entre les murs de sa maison deux familles juives. Dénoncée par l'un de ses voisins, elle assiste, impuissante, à l'arrestation de ces derniers en 1944 et bien que l'envie de réagir la dévore, les aurors anglais l'en empêchent. Scarlett est alors condamnée à passer deux ans dans la prison de Londres, suite à l'utilisation de sa magie en compagnie de moldus. Ce procès, qui fait la une des journaux, parvient à attirer l'attention de Freyr. Quelques semaines après son emprisonnement, les Sceptiques mettent en œuvre sa fuite et c'est dans ce groupuscule qu'elle trouve sa place dans le monde magique. Bien que ses lacunes soient grandes, elle fait de son mieux pour apprendre à user de sa magie et devient très vite un membre important. A travers les sceptiques, elle découvre un nouveau combat, un qu'elle n'est pourtant pas sûre de gagner cette fois. L'assassinat de ses parents en 1945 ne fait qu'empirer sa volonté de mettre sa vie en danger au profit des autres.

Scarlett n'a peur de rien, tout du moins en ce qui la concerne, car dans le fond, elle est constamment terrifiée à l'idée que d'autres périssent et que le peuple subisse la violence des plus grands. C'est cette peur qui la pousse à se renfermer et à atténuer la jeune fille souriante qu'elle était. Face aux recrues qu'elle doit former, elle ne montre qu'un visage froid, ne serait-ce que pour dissimuler le fait qu'elle est incapable de ne pas s'attacher. Qu'il serait dommage de dévoiler que dans le fond, elle n'est qu'une jeune femme qui peine à garder l'espoir qu'un monde meilleur peut arriver.