Orin Shingleton

Orin est né dans la capitale anglaise, au sein d'une famille de sorciers assez aisée. Ses parents, qui occupaient d'importants postes au sein du Ministère de la Magie, étaient très régulièrement surmenés par la charge de travail qui leur incombaient, ce qui explique la raison pour laquelle Orin passa la plus clair de son enfance auprès de sa grand-mère paternelle. Jadys Shingleton était une femme particulièrement douce, connue dans le pays pour être l'une des plus grandes peintres sorcières de sa génération ; auteure d'une bonne vingtaine des toiles qui ornent les murs de Poudlard, la grand-mère d'Orin était presque la dernière détentrice britannique d'un savoir-faire rare que ne s'arrachaient plus les sorciers depuis l'invention de la photographie. Cependant, dès qu'il fut en mesure de manifester son admiration, le rejeton Shingleton ne cacha pas son émerveillement pour Jadys, mais surtout pour sa pratique – encore plus magique que la magie en elle même, disait-il. Des journées durant, il resta avec elle dans le vaste atelier qu'elle avait aménagé sous les combles de sa grande maison londonnienne, l'observant préparer les couleurs, utiliser tour à tour pinceaux et baguette, donner littéralement vie à ses tableaux, se chamailler parfois avec les personnages qu'elle peignait, et qui réclamaient le changement sans condition de leur couleur de veston. Un rêve, pas vrai ? Alors d'une certaine façon, Odin a appris à vivre différemment que les autres enfants de son âge ; certes n'avait-il pas beaucoup d'amis, mais pour quoi faire, hein ? Après tout, il avait tout ce qu'il fallait dans l'atelier de sa grand-mère ou au sein de son carnet de croquis, parmi ces silhouettes grossières que lui aussi dessinait puis peignait, leur donnant vie suite aux enseignements de Jadys. Et durant les dix premières années de sa vie, il fut parfaitement heureux comme ça, Orin, confortablement enlisé dans une solitude qui n'en était pas vraiment une, ignorant presque tout du contact social, jusqu'au jour où il dut se rendre à Poudlard. Là bas, il sa créativité et son imagination débordantes lui valurent d'être réparti chez les aigles, mais celles-ci lui valurent également d'étranges regards, ainsi qu'une méfiance toute particulière à son égard. Mais qui pour en vouloir aux autres étudiants, lorsqu'on observait de loin un Orin assis dans l'herbe du parc, en pleine conversation avec les fidèles personnages qu'il créait de toutes pièces ? Cependant, peu regardant vis-à-vis des remarques et autres chuchotis de couloirs à son sujet, le jeune Serdaigle ne sembla pas s'en formaliser, du moins jusqu'au jour où un élève de quatre ans son ainé trouva amusant de voler le précieux carnet, et de le jeter aux flammes. Ce fut évidemment pour Orin un déchirement, qui vit les seules relations qu'il avait créées partir littéralement en fumée sous ses yeux. Prenant soudainement conscience de sa terrible solitude, ainsi que des moqueries proférées à son sujet, le garçon prit deux importantes décisions ; celle de se venger de celui qui avait réduit en cendres son bien le plus précieux, et celle de ne plus jamais laisser qui que ce soit tourner en ridicule l'art autour duquel tournaient chacune de ses pensées. S'il tâcha de s'ouvrir d'avantage au reste du monde, il ne laissa plus jamais qui que ce soit poser le regard sur l'un de ses croquis, allant jusqu'à piquer de terribles colères lorsqu'on tombait sur le carnet en question – lui qui était pourtant d'un tempérament si serein d'habitude.