Nora Prince

Lorsque l'on porte un patronyme tel que celui de Nora, il y a toujours un revers à la médaille. Une facette déplaisante qu'on s'efforce tant bien que mal de dissimuler aux yeux de tous. Dire que l'enfance de la jeune Parkinson fut un cauchemar éveillé serait un euphémisme. Issue du mariage entre un patriarche à l'exigence maladive et une mère bien trop stricte, elle est souvent ignorée, mise de côté. Les seules discussions qu'elle entretient avec ses géniteurs sont celles qui lui enseignent les valeurs familiales d'une lignée de sang pur. On la tient recluse, on l'empêche d'approcher les sorciers de sa génération. On lui promet un avenir grandiose, mais son quotidien est morose. Nora est seule, Nora s'ennuie. Elle se morfond dans le manoir familial, sa cage dorée dans laquelle on l'a délibérément enfermée. Alors elle trouve des jeux morbides pour s'amuser. D'abord, elle commence par s'attaquer aux animaux qui s'égarent sur les terres de sa propriété. Elle crée des pièges toujours plus ingénieux afin de les soumettre à sa cruelle volonté, les observe succomber de l'oeil froid des innocences terrassées. Mais ces petites bêtes se fatiguent vite et ils cèdent trop rapidement à leurs blessures. Alors elle décide de s'attaquer aux elfes qui servent sa famille. Un temps, elle s'en amuse, mais l'ennui revient toujours à la charge, comme une terrible ritournelle. C'est donc un soulagement terrible lorsqu'elle reçoit sa lettre d'admission pour Poudlard ; malgré tout, le caractère refermé et corrosif de la jeune Parkinson la tient éloigné des relations sociales qu'on prête habituellement aux jeune filles de son âge. Ses seuls contacts, triés sur le volets, se résument aux Demoiselles d'Avalon, ainsi qu'à Olive Hornby avec laquelle elle prend Myrtle Warren pour cible pendant quelques temps, encore une fois pour tuer l'ennui. Mais lorsque le cadavre de la petite née-moldue fut retrouvé, Nora n'adressa plus un mot à sa complice, préférant mourir plutôt que de voir son nom sali par les soupçons. Plus que jamais bercée de solitude lors de ces dernières années de scolarité, il semble pourtant qu'on n'ait jamais vu la jeune Parkinson s'en plaindre, ou même montrer la moindre souffrance à cet égard ; pensez-vous, c'est qu'elle y est habituée, et qu'elle a fait de l'isolement son ami le plus cher, le plus fidèle. Le garant des secrets terribles qu'elle cache au plus profond d'elle, de ses actes passés, mais aussi de ceux à venir. En public, elle est la Nora lisse et aseptisée modelée par son éducation, adopte le ton serein des poupées de glace de la haute société ; mais quelque part au fond d'elle, il reste les débris des pulsions destructrices qu'elle a toujours porté, comme les dernières parts de liberté qu'elle a le droit de se concéder. Et malgré son oscillation perpétuelle entre le bien et le mal, elle sait qu'elle se devra tôt ou tard de leur y succomber.