Masha Krystaliova

Si Masha prétend à une ascendance sorcière et moldue, rares sont les êtres présents sur cette terre en mesure d'affirmer le contraire et de connaître les origines réelles de la famille dont elle est issue ; pour comprendre celle-ci, remontons dans les années 1740, où se déroula en Russie une guerre sanglante menée par les puristes de sang face aux nés-moldus, ainsi qu'à quantité d'autres créatures magiques. C'est lors de ces tragiques évènements que disparurent officiellement de nombreuses espèces, parmi lesquelles figurent les Slŭnchevi nimfi, les nymphes solaires cousines des vélanes. Mais ce que ne conte pas l'histoire Russe, c'est bien qu'une branche de l'espèce parvint à subsister dans le plus grand secret, cachant leur nature aux yeux des sorciers encore virulents pendant des siècles. Olga Zakharova, la mère de Masha, est la dernière représentante de cette lignée désormais presqu'éteinte, secret qu'elle protégea en épousant un sorcier russe, Isidor Krystaliov, et qu'elle se garda bien de confier à qui que ce soit – mis à part son époux et sa propre fille. Quant à Isidor, il est tout à fait honnête d'admettre que le clan dont il est issu est aussi pur que plongé dans les arts de la Magie Noire ; sûrement est-ce pour cette raison qu'il fut passionné par Olga, voyant en elle – avec sans doute un peu de vanité – une rareté d'une grande puissance qui se devait d'être chérie et étudiée.

Durant toute son enfance, Masha reçut une éducation extrêmement stricte, à l'image des idéaux de sa famille paternelle ; à l'âge de cinq ans, alors même qu'elle apprenait auprès de son père les rudiments des plus sombres sorcelleries – auxquelles l'enfant s'avéra étrangement douée – ce dernier la fit également rentrer à l'Ecole du Ballet Bolchoï, voyant en la pratique de la danse classique – art moldu qu'il appréciait tout particulièrement – une façon d'inculquer à sa précieuse fille la rigueur et la rigidité qu'il estimait nécessaires à son développement. Très jeune, Masha apprit donc l'exactitude, la précision et la sévérité, traits de caractère qui se durcirent peu à peu pour se muer plus tard en fermeté implacable, voire en austérité. Mais la leçon la plus importante que la fillette apprit durant cette enfance millimétrée fut celle de l'importance des illusions, ainsi que du contrôle. Des rôles, du secret dont serait toujours entourée sa nature vélane qu'elle devrait toujours cacher.
Il est alors peu étonnant de voir l'élève brillante qu'elle devint à Durmstrang, excellant de nombreuses matières par sa logique à tout épreuve, ainsi que son intransigeance. Si l'art de la Magie Noire inculqué très tôt par son paternel avait suscité un vague intérêt mécanique durant son enfance, ce n'est qu'à son adolescence que Masha commence à développer une réelle fascination pour celui-ci, suite à un événement marquant pour elle. À ses quinze ans, l'adolescente assiste au décès accidentel de Yeva, son amie d'enfance : elle a alors l'idée pour la première fois d'utiliser la nécromancie pour communiquer avec cette dernière, faisant peu à peu de cette pratique une habitude tenace, et se plongeant dans son étude. Cependant, l'accumulation des différents ratés en la matière eut pour conséquence de parasiter périodiquement son quotidien, lui imposant parfois la compagnie indésirée d'esprits décédés un jour invoqués, sous la forme d'ombres qu'elle seule semble capable de distinguer.
Peu après sa sortie de Durmstrang, les relations paternelles lui permettent d'obtenir un poste officieux au sein du Ministère Soviétique de la Magie, dans un département dédié à la recherche dans le domaine des formes de magie alternatives. Peu intéressée par les conflits politiques ou l'idéologie communiste de son gouvernement, Masha voit cependant dans ce poste l'opportunité de gagner très correctement sa vie, tout en profitant d'une impunité presque totale pour ses recherches. Elle développera notamment pendant ces années, un sortilège afin de s'immiscer dans les rêves des autres et d'en prendre le contrôle – méthode qui sera beaucoup utilisée pour les interrogatoires des opposants au régime, et parfois réinventée en torture.
Cependant, elle sera particulièrement touchée par la vague de conflits opposant le peuple vélane et le gouvernement sorcier en 1944, ce dernier retirant toujours plus de droits au premier ; révoltée par le traitement implacable réservé à certains d'entre eux et se sentant incapable d'y prendre part sans broncher, elle quitte son poste brutalement, et rencontre dans la foulée Freyja – cheffe de file des Humanistes qui la convainc rapidement de la suivre en Europe.

Là-bas, Masha trouve une certaine satisfaction dans le fait de transmettre ses connaissances aux adeptes du groupuscule, et de se façonner peu à peu une image inflexible de bras-droit. Prudente, elle évite cependant de révéler toute l'étendue de son savoir-faire en matière de magie noire, gardant certaines compétences pour son usage unique. Elle reste durablement marquée par le traitement infligée au peuple vélane en Russie, rechignant toujours à révéler sa nature hybride – et préférant invoquer une ascendance tout à fait sorcière. De nature taiseuse et réfléchie, il serait pourtant mentir que de prétendre que Masha est du genre à passer inaperçue ; peut-être est-ce ce mélange étrange de grâce vélane à la rigidité de ses expressions, la douceur de ses traits confrontée à la froideur de ses syllabes, mais il traine autour de la jeune Krystaliova une aura de crainte auréolée de questions. Une image que rien ne semble pouvoir fissurer – une sorte de leurre. Car on distingue en toute chose des fissures, ou du moins des prémices ; et c'est ainsi que la lumière s'y immisce.