Malachai Moroz

Malachai, c'est un concentré d'énergie pure et dure, une turbulence dans un ciel déjà chargé d'électricité. On pourrait même dire, avec une exactitude un peu triste, que c'est une étoile filante – quelque chose de bref, un passage trop rapide sur la toile d'une existence qui s'effrite. Mais ça, Malachai l'ignore.
Premier fils du couple Moroz, il grandit dans une petite maison biscornue et encombrée à Derby, au milieu de quatre frères et d'une sœur ainée en charge de leur éducation. La faute à des parents trop absents, constamment dispersés aux quatre coins du globe pour leur travail respectif ; employé au département des relations internationales pour son père, voyante itinérante pour sa mère. Si le garçon vit d'abord cet éloignement comme un véritable manque qu'il cherche à combler à coups de pleurs et de cris, il laisse finalement sa tristesse se muer en colère, puis bien vite en indifférence. Il se fait à leur quotidien peu traditionnel, à leur famille bancale mais soudée. Malachai, s'il décide très tôt de ne plus se soucier de ses parents qu'il juge incapables de la moindre éducation, éprouve une affection sans limite pour chacun de ses frères et pour cette sœur qui l'a élevé, avec ce mélange de cynisme et d'amour dégoulinant qui lui est propre.

C'est ainsi que Malachai se forge et devient le jeune homme qu'il est à présent ; un lion impétueux et perturbateur, peu studieux et davantage passionné par les entrainements de Quidditch que par ses devoirs. Il est ce garçon malicieux et sociable, qui ne rate jamais une occasion de retrouver ses amis et de profiter d'une existence qu'il veut entièrement dévouée à son bon plaisir – car à quoi bon faire quelque chose si l'envie est absente ? Malachai adopte cette philosophie à lettre, sans pour autant s'en retrouver grossier vis à vis des autres (ou bien lors des mauvais jours), et c'est d'ailleurs pourquoi ses notes ne volent jamais bien haut lorsqu'il s'agit de cours théoriques. Loin d'être pourtant en difficulté, il ne voit simplement pas l'intérêt de s'enfermer des heures et des heures durant pour rédiger des parchemins alors qu'il pourrait être dehors, bien entouré, ou dans le confort de sa salle commune pour profiter du temps qui passe.
En fait, c'est presque comme s'il savait déjà.
Malachai, depuis toujours, il se comporte comme si le temps lui était compté. Comme s'il devait se débarrasser du superflus pour se concentrer uniquement sur l'essentiel.
Pourtant, le garçon ignore tout du voile obscur de la mort qui flotte au-dessus de sa tête. Il ne sait pas que Francesca et Vikram, héritiers du troisième œil de leur génitrice, ont tous les deux vu son existence brutalement interrompue dans un futur aux contours encore flous mais bien trop proche. Incapables de lui avouer la vérité pour le moment, les non-dits trainent en longueur et le secret se répand comme un vilain poison pour intoxiquer la relation des trois Moroz. Malachai met d'abord cet éloignement sur le compte des ASPICs de Vikram, son frère ô combien studieux, et sur le passage dans la vie active de Francesca. Il n'a de toute manière pas le temps de s'y pencher : il a un avenir à se constuire, un rôle dans le groupuscule des Sceptiques à tenir et le début timide d'une carrière de joueur de quidditch à vivre. Diplomé d'un diplôme des Classes Préparatoires Magiques en pratique sportive, Malachai a réussi à décrocher un poste de remplaçant dans la célèbre équipe des Tornades de Tutshill, où il sert aussi d'agent d'entretien pour arrondir les fins de mois compliquées. Alors pardonnez-le de ne pas toujours se focaliser sur la distance que son frère et sa soeur ont instauré. Il préfère faire l'aveugle, trouver des excuses. Même si au fond, il commence bien à se douter que quelque chose ne tourne plus rond.