Lyra Janssens

Douce Lyra, enfant aimée et choyée dès le premier cri qu'elle a laissé échapper. Ne cherchez pas une tragique histoire, de la violence ou des parents décédés lors de ses premières années. Lyra n'a pas connu la rue, la brutalité ou encore la souffrance, mais cela ne l'a pas empêché de la ressentir pour un tout et surtout pour un rien.

Ce qu'elle éprouve n'a rien à voir avec les autres, le problème vient d'elle et uniquement de sa propre personne. Lyra a mal, parce que le monde qui l'entoure lui semble étranger, la voix de ses parents ne l'apaise pas, l'amour, elle ne le ressent pas. Elle est là, elle existe, mais elle ne vit pas. Sa jeunesse, elle la passe enfermée entre les quatre murs de sa chambre, sortir, pour quoi faire ? Le soleil ne lui semble pas apaisant et la pluie la contrarie, elle, ce qu'elle veut, c'est se perdre à travers des romans, des histoires ou des témoignages de personnes qui ont la chance de ne pas être elle. Tout l'ennuie, insatisfaite depuis son premier souffle, rien ni personne ne sait la sortir de sa torpeur et ce ne sont pas ses débuts à Beauxbatons qui l'aident à s'adapter. Son air indifférent agace et n'attire que des moqueries sur cette petite tête blonde qui ne sait pas rire, ni sourire. Alors, pour survivre, Lyra s'adapte à ceux qui l'insupportent, elle ne les aime pas, mais elle comprend très tôt qu'elle a besoin d'eux. Une vie ne peut se créer à travers les mots qu'elle lit et à défaut d'apprécier les humains autour d'elle, elle peut s'en servir, écraser les fous et les stupides et par Merlin, qu'ils sont nombreux à l'entourer. A commencer par ses parents, eux qui n'ont jamais su remarquer la différence de leur fille ou qui ont préféré se mettre des œillères pour ne pas la voir, mais comment leur en vouloir ? Lyra est douée pour dissimuler ses pensées, et plus les années passent, plus son don s'accentue.
Enfant adorable ou terrible dragon, telle est la question. La réponse ? Attendons.

Les années ont passé et Lyra a presque accepté sa condamnation, emprisonnée à vie dans un monde étranger, elle n'a aucun intérêt à sortir de cette apparence qu'elle s'est donnée. Pourtant, autour d'elle, tout lui semble surfait. Personne ne peut apprécier la vie autant que ceux qui l'entourent et personne ne peut ressentir de l'attachement comme ceux qui se prétendent amis avec elle. Mais à quoi bon creuser davantage ? Aux yeux de Lyra, la farce de la vie ne mérite pas que l'on s'attarde dessus, la jeune femme le sait, chercher n'apporte rien, à la fin les riches le seront toujours, les pauvres également. Ceux qui souffrent ne le feront que davantage, écrasés par ceux qui tiennent les ficelles depuis le début. Résignée, elle accepte. Elle sourit quand il le faut et termine même par plaire grâce à un humour noir qui raconte ce qu'elle estime être la vérité.

C'est au moment où elle quitte enfin Beauxbatons et part à la recherche de nouvelles aventures qu'elle fait la connaissance d'un étranger, lors d'une soirée tardive dans un bar de la capitale belge. De lui, elle ne sait rien, ni le prénom, ni le nom, elle sait juste qu'il est là et qu'au fur et à mesure de leurs échanges, elle lui conte ses pensées et sa vision pessimiste de la vie et de leur avenir. Lui, il l'écoute, comme jamais personne ne l'a fait, fasciné par cette blonde résignée. C'est lui qui évoque un groupuscule qui partage ses idées et qui espère faire réellement évoluer les choses, Skjærsilden, et malgré ses doutes, Lyra se laisse bercer par ses belles paroles, voyant à travers ses mots une possibilité de s'échapper. Elle l'écoute alors, bien qu'il refuse de communiquer quoi que ce soit sur sa personne, et leurs rencontres se font nombreuses. Cet inconnu, elle le surnomme Ome, et ce dernier devient un mentor, qui se moque bien qu'elle puisse sourire ou se conformer aux normes. Bien vite, il évoque la possibilité qu'elle les rejoigne, mais pour ce faire, elle doit prouver sa valeur en ramenant des informations, c'est ainsi que Lyra se fait engager par l'ambassadeur belge au Royaume-Uni et qu'elle quitte le pays. Espionne irréprochable, sa capacité à prétendre est un atout idéal qui lui permet de se rapprocher des autres secrétaires, se faisant passer pour une chercheuse de ragots. Toutes les informations sont bonnes, mais principalement celles qui concernent deux mouvements discrets qui semblent émerger dans le pays.

Bien qu'elle obéisse au doigt et à l'œil, son envie de prendre place aux côtés d'Ome dans son groupuscule est féroce, mais elle le sait, donner des informations est facile et dans ce monde, rien ne l'est. Les épreuves évoquées par son mentor sont nombreuses, mais avant tout, meurtrières et bien que sa vie lui semble futile, un étrange sentiment envahi son cœur. Serait-ce de la peur ? Si la question se pose, elle trouve sa réponse lorsqu'elle les effectue, l'une après l'autre et qu'elles laissent une Lyra plus fermée encore, mais surtout prête à tout pour atteindre ses objectifs.