Lisbeth Boot

Lisbeth, on a toujours dit d'elle qu'elle était une gamine sauvage, un petit bout de tornade blonde dont la plupart des curieux n'ont longtemps pas pu déterminer si elle était une fille ou un garçon. Née à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, au sein de la grande et noble famille des Boot, ceux-ci avaient laissé la garde de leurs deux filles, Gemma et Lisbeth, aux soins de Phaelis, une nourrice sorcière qui a élevé les deux gamines comme ses propres enfants. C'est sûrement l'une des raisons pour lesquelles la cadette ne s'est jamais sentie bridée par la moindre pression sociale qui incombait parfois aux grandes familles de sang-pur américaines. Son enfance, Lisbeth l'a passée à se perdre dans le bayou, à explorer, à découvrir les moindres recoins les plus inexplorés de ce territoire sauvage. Son passe temps préféré, c'était de se balader dans le quartier sorcier de la ville, et puis de poser des questions, de récolter les témoignages qu'on voulait bien lui raconter, pour ne jamais les oublier. À une époque, elle les consignait même très consciencieusement au sein d'un carnet offert par son père – seule trace d'une quelconque organisation au sein de sa manière de vivre. C'est d'ailleurs une habitude qu'elle a gardé plus tard, de collecter les histoires, une habitude qui lui a valu à Ilvermory de prendre la tête du journal de l'école, le Silver Bird. Sur le moment, il faut bien reconnaître que tout le monde a pu douter de sa capacité à endosser une telle responsabilité, car entendons-nous bien ; Lisbeth, c'est une bordélique, une foutue désordonnée, du genre qui donnerait des crises d'épilepsie aux maniaques les plus acharnés. Oui, sauf que lorsqu'il s'agit d'étudier ou de s'investir dans un projet aussi sérieux, la gamine Boot devient l'esprit le plus carré et rigoureux qu'il vous a jamais été donné de rencontrer. Elle est méthodique, acharnée, quitte parfois à aller trop loin pour mener à bien les idées et les sujets sur lesquels elle souhaite enquêter. C'est d'ailleurs ce qui la mena un jour, lors de sa sixième année, à franchir une ligne qu'elle n'aurait jamais dû dépasser : elle s'est aventurée dans la forêt qui bordait l'école avec Beth, sa meilleure amie, afin de suivre la piste d'un troll des montagnes qui, paraissait-il, s'y baladait en liberté. Tout ça pour un article, pour le scoop du siècle, vous savez. Et les deux élèves l'ont trouvé, ce fameux troll, sauf qu'elles n'avaient pas prévu l'agressivité de celui-ci à l'instant même où il les apercevrait, ainsi que la folle course poursuite qui en avait découlé. Ce soir là, Beth a trébuché d'un versant de montagne, foutu accident. Ce soir-là, Beth est décédée, et c'était la faute de Lisbeth, juste la faute de Lisbeth, elle le savait. C'était elle, qui l'avait convaincue, elle qui l'avait entrainée. Elle, qui l'avait tuée.
Alors elle a été renvoyée de l'école, la gamine Boot, et elle n'a pas bronché, parce qu'elle savait qu'elle le méritait. Ses parents ont fait jouer leurs contacts dans le monde des sorciers et le poids de leur nom afin de convaincre le professeur Dippet de l'accepter à Poudlard – pensant également que la proximité de sa sœur Gemma serait une bonne influence pour cette gamine revêche qui avait tant fauté. Et si au sein de cette nouvelle institution, Lisbeth s'est laissée convaincre de reprendre un poste de rédactrice au sein du journal de l'école, elle est tiraillée entre la culpabilité de ses erreurs passés, le fantôme de Beth qui ne cesse de lui hanter, et cette passion de chercher, de raconter et d'enquêter qui lui colle à la peau sans sembler la laisser en paix.