Joséphine Richard

Avez-vous déjà entendu parler de l'histoire de Roméo et Juliette ? Si oui, celle de Baptiste Richard et de Jeanne Fontenay risque de vous sembler familière. En effet, les deux amants partagèrent eux aussi une histoire d'amour interdite, aux sentiments si forts qu'ils furent ravageurs. La seule différence ici, c'est qu'à la fin Jeanne est morte seule et que dans la mort, Baptiste a refusé de la rejoindre. Comment est-elle décédée ? La question est intéressante, car quand certains disent ou plutôt crient à la foule que la née moldue a disparu sans donner de nouvelles, d'autres murmurent qu'elle a été assassinée par les Richard. C'est qu'ils n'ont jamais accepté cette femme au sang impur qui a eu l'audace de croire qu'elle pourrait détruire des siècles de traditions. De cette histoire impossible a seulement survécu la douleur de Baptiste et, surtout, une erreur aux cheveux blonds et aux yeux bleus : la petite Joséphine, d'abord cachée du monde. Des rumeurs existent, mais aucun cri d'enfant ne parvient à franchir la forteresse du manoir des Richard et ce jusqu'à ce qu'un mariage soit annoncé entre Baptiste et Catherine Moreau, la descendante d'une famille au sang aussi pur que celui des Richard mais à l'âge plus avancé que celui de l'héritier. Aussitôt, les rumeurs reprennent, elles avancent que les deux époux auraient consommé leur union avant leur mariage et si les Richard laissent faire, c'est uniquement car la foule se dit que Joséphine a le sang pur.

Depuis ses premiers jours, ses premiers mots, ses premiers souffles, Joséphine prétend alors avoir le sang-pur, que sa mère est Catherine et que son existence ne se fait pas dans le rejet continuel de sa famille. A l'extérieur, elle semble être une petite princesse à l'allure parfaite, à l'éducation si bien faîte que sur sa langue les mots s'élancent et dansent pour convaincre les foules. De son père, elle ne reçoit pourtant que de l'ignorance. Mais c'est de la part de son demi-frère, Marcel, et de sa belle-mère que les mots sont les plus violents. Surtout lorsque son père décède et que Marcel devient l'unique héritier et maître de son destin. Mise à la rue, elle se retrouve dépossédée du moindre de ses biens et qu'importe ses actions, son existence s'efface des livres et sa famille lui tourne définitivement le dos. Joséphine n'est plus qu'un fantôme, mais ce n'est pas pour autant qu'elle renonce.

La jeune femme se sert de ses études pour s'en sortir et elle apprend, seule, à fabriquer des baguettes dans un petit atelier lyonnais, entre les vendeurs de drogues et les fabricants de potions étranges. Son petit commerce est timide, mais bien vite il se développe et attire l'attention. Si ses clients sont des êtres peu recommandables, elle s'en moque. Elle fabrique des bouts de bois ensorcelés dont personne ne pourra retrouver le lien avec son porteur et qu'importe ce que ses armes peuvent faire. Joséphine amasse une petite fortune qu'elle garde au fond de son placard. Jusqu'au jour où des hommes surgissent pour l'arrêter. Dénoncée, Joséphine n'attend pas de trouver le coupable, elle fuit sa ville de naissance et se dirige vers la capitale. C'est à Paris qu'elle dépense toutes ses économies pour monter un entrepôt, l'entrepôt des lions, dans le quartier sorcier de l'Ecrasoir. Elle y continue ainsi son trafic, sans se soucier des conséquences que cela pourrait avoir et c'est grâce à cela qu'elle attire finalement l'attention de l'Aube Noire. Voyant à travers eux une opportunité financière, elle n'hésite pas longtemps avant de les rejoindre.

D'héritière à rejetée à fugitive.
Mais si Joséphine a tout perdu, elle ne le regrette pas car, pour la première fois de son existence, elle se sent enfin libre d'exister.