James Kergoat

James est issu d'une branche souvent oubliée de l'illustre famille française Kergoat, originaire de France, et plus particulièrement de la Bretagne, où on chuchote qu'elle bâtit sa fortune dans le trafic de Korrigans au XVIIe siècle. Cependant, son grand-père paternel eut le malheur de tomber éperdument amoureux d'une moldue du village voisin, et décida de l'épouser au mépris des traditions familiales – ainsi que de la menace paternelle de se voir renié et déshérité. Celui-ci émigra donc en Irlande du Sud, où la branche de la famille prospéra malgré tout. C'est donc dans des conditions modestes que naquit James, fils cadet d'une fratrie de trois garçons relativement turbulents qui faisaient malgré tout le bonheur de leurs parents. Ceux-ci, magizoologistes spécialisés dans l'ornithologie magique, étaient régulièrement appelés aux quatre coins du continent afin d'apporter leur savoir faire particulier, et se plaisaient à raconter à leurs enfants chacun de leurs voyages. Il a grandi avec des images dans la tête, James, de vastes paysages imaginés et construits de toutes pièces, des steppes colorées établies par le seul fruit de ces récits. Gamin vif, à la limite de l'hyperactivité, il était de ceux qu'on peinait à tenir en place et à catalyser ; ainsi, Poudlard fut pour lui une bénédiction, tant la diversité de matières et d'activités proposées lui permettait de mettre à profit cette énergie vitale qui semblait toujours déborder de son être. Réparti à Gryffondor comme ses frères avant lui, il noua malgré tout à cette époque une amitié étrange avec Dahlia, une Serpentard un peu plus jeune que lui. Conscients de l'animosité et de la rivalité qui séparaient leurs deux maisons respectives, l'un et l'autre prirent grand soin de garder ce lien secret pendant des années, comme s'ils avaient craint de le voir se faner ou perdre son ambivalente préciosité, si d'aventure il avait été découvert.

C'est à l'aube de sa sixième année que James quitta Poudlard, afin de suivre ses parents dont les talents avaient été requis à la Réserve Ornithologique Magique de New York. Bien que légèrement amer de ce départ, l'enthousiasme du jeune homme pour le voyage ainsi que sa grande capacité d'adaptation ne mirent pas longtemps à panser sa plaie. Il découvrit l'Amérique dont on lui avait tant parlé, l'effervescente New York qu'il aima immédiatement – ainsi qu'Ilvermorny, où il dut achever sa scolarité. Doué dans l'art des mécaniques magiques, et passionné par les machines en tout genre, il trouva à sa sortie de l'école une place d'ingénieur dans l'une de ces fabriques d'engins sorciers, où on loua ses jeunes talents, ce qui n'était pas sans faire la fierté de ses parents. Mais ce que James gardait secret, c'était qu'une ombre survolait le tableau de son existence depuis de longs mois désormais ; des pertes de mémoire, d'abord courtes et éparses, mais dont la régularité et la longueur commençaient à l'alarmer. Il arriva de ces nuits où le jeune Kergoat se retrouvait au milieu d'une ruelle trempée sans même parvenir à se rappeler être sorti de son appartement, ou découvrir à ses mains des coupures dont il n'identifiait plus la provenance. L'esprit continuellement embué d'un voile de paranoïa auto-dirigée, il se passa plusieurs semaines pendant lesquelles il ne parvint même plus à dormir, craignant qu'un assoupissement ne soit le siège d'une nouvelle amnésie. Entendant parler d'un spécialiste des maladies magiques liées à la mémoire exerçant à l'hôpital Sainte-Mangouste, il décida de retrouver sa Grande-Bretagne natale afin de suivre sa thérapie – prétextant une certaine nostalgie du pays afin de garder le secret sur cette maladie qui le terrifiait.