Isabelle Renard

Isabelle est née à Vincennes, dans un cocon familial des plus aisés, sa famille étant l'une des plus anciennes et reconnues du monde sorcier français. Née une année seulement après son frère Gabriel, les deux rejetons Renard souffrent rapidement d'un délaissement de la part de leurs parents, tout autant de leur père qui occupe un poste éminent au Ministère, que de leur mère qui ne semble nullement affectée par son rôle maternel, et laisse leur éducation aux bons soins de leur précepteurs, ainsi que de leur grand-mère. Bien que benjamine de la famille, Isabelle s'est longtemps placée dans le rôle de protectrice et de figure forte, notamment vis à vis de son frère, dont la santé resta inexplicablement fragile pendant une grande partie de leur enfance et adolescence.

Tous deux sont l'un après l'autre envoyés à l'école Beauxbâtons, et Isabelle se distingue très vite dans l'art des charmes et enchantements d'illusion. De nature revêche et méfiante, on lui prête souvent une nature de peste venimeuse à la langue de vipère, et il devient bientôt évident que son frangin est la seule figure avec laquelle elle s'autorise à tomber les masques. On a pu croire d'elle à cette époque qu'elle deviendrait une parfaite sorcière de la haute-société, comme l'aurait dicté son rang ; et c'est d'ailleurs ce qu'elle souhaitait depuis le début, en construisant de toutes pièces son personnage de garce dédaigneuse et d'héritière. Sauf que ses plans étaient en réalité tout autres. Passionnée en secret de littérature moldue, elle s'était éprise de la figure d'Arsène Lupin, voleur dont elle admirait la prestance ; pendant des années, elle s'imagine user des mêmes stratagèmes pour berner son monde, se faire arnaqueuse. Isabelle rêve : elle se rêve tricheuse, voleuse. Au point de mettre Gabriel dans la confidence, et de le convaincre que cette vie-là pourrait être bien plus trépidante que celle qu'on leur avait tracé.

Aussitôt sortis de l'école, les frangins Renard prétendent vouloir se rapprocher du centre de la capitale, afin de profiter au mieux de la vie mondaine sorcière qui se déroule en son enceinte. Peu soucieux de ce caprice feint, les parents leur offrent un vaste appartement, qu'il partagent depuis à des desseins cependant bien différents ; c'est que la guerre a fait fructifier les trafics en tous genres, aussi bien au sein de la population moldue que sorcière. Les écarts de richesse se creusent considérablement entre les plus aisés et les plus modestes, alors que ces premiers pillent parfois sans vergogne les biens de ceux qui subissaient cette guerre. Par ennui, égo et ambition, ils décident de dérober à leur tour les plus précieux effets des sorciers les plus riches de la ville, s'introduisant dans leurs propriétés pourtant habilement protégées, au nez et à la barbe des sortilèges lancés. Peu à peu, on les connait sous le surnom des Merles Rouges – sobriquet donné par un journal local au lendemain du cambriolage de la demeure de Jérôme Lepage. Forts de leur image d'héritiers à l'éducation dorée, ils savent que personne n'en viendrait à les soupçonner en premier, et que seule leur propre volonté ou lassitude aurait le pouvoir de leur faire cesser leur activité. Depuis plusieurs mois, ils reçoivent même des propositions de la part de l'Aube Noire française, qui convoite leurs talents afin de servir leur organisation : une offre qu'ils ont jusqu'à présent décliné par esprit d'indépendance, mais que leur vanité ou leur orgueil pourraient finir par leur faire accepter.