Hosea Dolohov

Hosea est de ces hommes que l'on imagine difficilement avoir eu un jour la pureté candide d'un enfant. Sans doute parce que son enfance n'en a jamais vraiment été une. Ses jeunes années, il ne les a pas passé à faire avancer des petites locomotives sur leurs rails, à grimper aux arbres pour construire des cabanes avec les gamins du coin, à s'écorcher les genoux sur son tricycle. Il les a passé à s'entraîner avec son professeur de duel dans le pré enneigé derrière le manoir familial en Russie, à serrer les dents sous les ecchymoses infligées et les os brisés. C'est la violence qui l'a toujours bercée, cruelle nourrice, qui a forgé son cynisme et son manque d'empathie. Fait de lui cette silhouette qu'on peine à croiser sans frisson le long de l'échine, cet homme solitaire, silencieux, aux secrets bien gardés - forteresse de glace et muraille d'impénétrabilité.
Formé pour devenir un guerrier impitoyable par son géniteur, Hosea n'a jamais été rien d'autre qu'un soldat. Habitué à recevoir des ordres et à en donner, à voir l'existence selon une forme carrée, sans rien qui ne dépasse des lignes tracées. Dans son monde, il n'y a pas de place pour la désobéissance, il n'y a pas d'entre deux : ceux qui le déçoivent ne reçoivent jamais de seconde chance, non, disons qu'ils finissent plutôt au fond d'un caniveau, ou quelque part où personne n'aurait l'idée d'aller regarder de trop près. Parce que si Hosea passe ses journées à traquer les dragons, la nuit, c'est les sorciers qu'il pourchasse ; ceux qui dérangent, ceux qu'on voudrait discrètement éliminer.
Il est arrivé en Grande-Bretagne quelques années plus tôt avec sa famille, fuyant sa Russie natale et Yama, organisation ennemie des Dolohov. Il devient membre de l'organisation Die Flügel der Seele et s'impose au fil des années comme leur plus fidèle homme de main. Mais ce n'est pas par pure volonté personnelle que Hosea a rejoint l'organisation allemande, mais parce que son père l'y a poussé, voyant là l'opportunité de se trouver un allié contre Yama. Hosea est parfaitement conscient qu'il n'est rien d'autre qu'un pantin dans une machination trop grande pour un seul homme, un pion qu'on avance et qu'on recule. Il en joue, même. Un pantin qui sait qui tire ses ficelles en est-il véritable un ? Depuis son entrée à Die Flügel, Frederick Erna l'a pris sous son aile, faisant même de lui son bras droit. Sous ses airs rustres et ouvertement antipathiques, c'est qu'il a quelque chose de magnétique dans le regard, Hosea, une froideur léthale, comme une fléchette de poison. Arme de destruction massive. Sa présence fait peur, terrifie. Et lui jouit de pouvoir assouvir la violence et la cruauté qui coulent en lui plus sûrement que le sang dans ses veines. Après tout, il n'a jamais connu que ça. Il n'y a que dans ces moments-là que son esprit se tait, et qu'il trouve la paix au milieu du chaos. Loin de ses souvenirs, loin des cicatrices et du gamin qui autrefois se faisait briser les os dans un pré enneigé.