Harel Pendlebury

Gamin des rues, Harel Pendlebury est de ceux qui se fondent parfaitement dans la noirceur des bas quartiers londoniens. On ne sait que très peu de choses à son sujet, si ce n'est ce qu'il se murmure inévitablement sur son passage. Le garçon serait né au coeur de l'enfer, dans les tréfonds de la prison de Londres, là où ni la lumière ni l'air ne parviennent à établir leur domination. On dit que c'est de là qu'il tirerait son teint cireux. Sa brutalité lui viendrait quant à elle de sa mère ou de son père, ou alors peut-être de ses années à lutter pour avoir le droit de respirer. Sa voix rauque, elle, il la tiendrait de ses hurlements à répétition. De ses cris pour quémander le droit de sortir, de sentir le souffle de l'air contre sa peau. Et sa magie, elle, elle lui viendrait du plus profond de son âme.
Sans attache, Harel se bat ainsi pour lui même, uniquement pour sa propre survie. Trop abimé pour être sauvé, trop sauvage pour être mêlé à la société, l'enfant se retrouve bien vite esseulé.

Pourtant, Harel survit. Non pas grâce aux autres, mais grâce à ses facultés d'adaptation. Il trouve sa nourriture dans les poubelles de ceux qui en ont trop et c'est de ses doigts qu'il fait sortir les sortilèges qu'il tente d'inventer, d'imaginer grâce aux idées qui traversent ses pensées sombres. Harel est un survivant et cela se voit dans chacun de ses traits et dans chacun de ses mouvements - toujours calculés. Harel n'a pas la faiblesse de ceux qui se laissent aller à la médiocrité de leur passé difficile, il a refusé depuis longtemps de plonger dans l'impuissance. Lui, il veut se battre et lutter, il refuse l'idée de rester coincé dans les entrailles de la capitale. Voleur des rues, il a la capacité de prendre ce qu'il souhaite prendre, qu'importe les actions qu'il doit mener pour y parvenir. Fantôme, il ne veut plus l'être : Harel veut se faire un nom. C'est grâce à sa volonté qu'il parvient ainsi à se faire remarquer. A l'âge de vingt ans, le jeune homme est recruté par l'Aube Noire et, si elle lui offre un ancrage, il ne parvient jamais la considérer comme une famille. Elle n'est là que pour servir ses intérêts, lui permettre d'atteindre les sommets - car l'être humain est faible et mortel et l'attachement ne crée que de la souffrance, alors pourquoi prendre le risque de voir son coeur se briser ?

L'enfant frêle et errant a traversé les années et, aujourd'hui, Harel connait une certaine réputation. A travers l'aube, il s'est fait un nom et est désormais connu pour sa capacité à effectuer les tâches les plus dégradantes, celles dont personne ne veut. Mais derrière cette figure de marbre, Harel n'est ni plus ni moins qu'un homme brisé, qui n'accepte pas la moindre faille dans le monde qui l'entoure. Pour survivre, il doit tout contrôler : chaque détail et chaque personne. Les réactions qu'il ne peut prévoir lui font perdre l'esprit, si bien qu'il s'est évertué à connaître en profondeur le genre humain, pour ne jamais être pris de court. Comme si la plus petite cassure dans la linéarité de son quotidien risquerait de tout faire voler en éclat, et de le ramener dans l'enfer dans sa prison natale.