Hafsa Amir

C'est une princesse, Hafsa. Une princesse comme on en fait plus, agile, habile, volubile. Trop choyée, trop gâtée. Sûrement. C'est qu'elle est la fille d'un des plus grands sorciers de Fès ; et si Qassim Amir est respecté, il est surtout craint. Car il n'a aucun scrupule à utiliser la violence contre ses détracteurs, et qu'il a sous ses ordres directs des dizaines de sous-fifres sans foi ni loi, de sorciers combattants qu'il envoie se massacrer dans des arènes clandestines afin de distraire les esprits échauffés de Fès. Et dans ces affaires de trafics et de brutalité, Qassim gagne beaucoup d'argent. Alors c'est vrai, on pourrait dire que Hafsa n'a manqué de rien pendant son enfance, là, cloitrée dans cette immense maison richement décorée – et parfaitement gardée. Mais sachez une chose à propos d'elle ; c'est un esprit libre. Et l'idée que son frère Osman puisse vagabonder à son aise, alors qu'elle même se devait de rester protégée, c'est trop pour elle. Alors, elle a rapidement pris l'habitude de se faufiler dehors, avec la complicité des domestiques, pour explorer, saisir pleinement sa liberté. Mais ces escapades ne pouvaient se faire que de nuit, et en grand secret. Au début, Osman l'y aidait, mais petit à petit il s'est renfermé pour une raison qu'elle ne saisit pas entièrement, refusant de l'aider dans son entreprise d'émancipation – et de découverte du monde énigmatique de leur père, dont elle ne connaissait finalement pas les affaires. C'est le moment où les deux frangins s'éloignèrent, et où leur complicité commença à s'effriter, chose qui ne s'améliora pas à leur entrée à Uagadou. On aurait pu penser qu'ils se seraient tous deux épanouis au contact de cette toute nouvelle liberté acquise, mais si ce fut bien le cas de Hafsa qui se sentit revivre dans l'école et entreprit immédiatement de tisser un grand nombre de liens sociaux – chose qu'elle était dans l'incapacité de faire jusqu'à présent – Osman sembla se replier sur lui même peu à peu, devenir chaque jour plus farouche, même avec elle.
Le Tournoi des Trois Sorciers de 1944 auquel participa Uagadou, hébergé par Poudlard, fut pour Hafsa une excellente excuse afin de s'échapper du carcan familial, et de rejoindre définitivement la grisaille anglaise, même si elle devait lui sacrifier son soleil marocain natal. Armée de son esprit conquérant et princier, la jeune femme ne mit que peu de temps afin de s'intégrer parfaitement aux rangs de l'école anglophone, jusqu'à gagner l'insigne de préfète de Gryffondor.
C'est en Angleterre que la jeune femme termine ses études, grandit et évolue, loin de la pression familiale et de sa ville natale. Elle cultive ainsi un besoin d'indépendance et des envies de liberté qu'elle a le sentiment d'avoir - même si elle sait très bien qu'elle ne la doit qu'aux sombres arrangements de son frère avec leur paternel. Qu'importe. Aujourd'hui diplomée et employée aux Jardins Botaniques de Londres, Hafsa mène sa vie comme elle l'entend.