Guilhem Verrier

Guilhem, l'enfant terrible. Bambin jadis m'a-tu-vu et turbulent, premier-né tant attendu de la famille Verrier, il fait les frais d'une éducation stricte et d'une pression parentale due à sa position de seul héritier masculin, et des obligations monstratives qui en découlent. Très peu attaché à ses parents, dont l'absentéisme presque total est maladroitement compensé par la présence d'elfes et de gouvernantes, il est très vite rangé dans la catégorie des enfants difficiles. Bien qu'élevé dans l'opulence, il adopte de façon assez précoce un point de vue assez noir sur la fortune de sa famille ; non pas qu'il remette vraiment en question le mérite de cette dernière – ou le sien – ou qu'il puisse éprouver un malaise quelconque à l'égard d'une frange de société moins bien lotie, le garçonnet trouve dans la richesse familiale la coupable originelle à l'inattention et la froideur de ses parents, dont il souffre sans tout à fait en être conscient. Il se construit alors en opposition totale à ce milieu favorisé, prenant peu à peu un plaisir immense à embarrasser ses proches en entachant l'image familiale – tout en profitant paradoxalement du nom qui est le sien, et de sa renommée. Les relations familiales se tendent peu à peu, notamment avec son père Edgar, qu'il met tout en place pour décevoir. C'est contre son avis qu'il se lance dans le Quidditch, durant sa scolarité à Beauxbatons ; curieux hasard, ou pur esprit de contradiction, il se découvre plutôt talentueux dans la discipline en question – lui qui s'était jusqu'à présent efforcé de demeurer un élève très moyen, doué en rien. À sa sortie de l'école de magie, il se fait même recruter par les Météores de Paris, équipe de Quidditch prestigieuse qui en fait son nouveau poursuiveur.

Ce poste est du pain béni pour Guilhem, qui voit en l'exposition médiatique propre aux joueurs, l'occasion de devenir la coqueluche de la presse à scandales, et un objet d'embarras terrible pour la haute société. Il se confectionne un rôle de petit prince déchu à l'ironie exubérante, sorte de dandy détestable et détesté qui trimballe son cynisme dans les couloirs des bals mondains. Maniant l'art de la provocation avec habileté, il reste pendant plusieurs années le sujet favori des torchons médiatiques, alimentant rumeurs et frasques présumées à son sujet ; on lui prête des relations extravagantes et incessantes, des comportements scandaleux, tout pour nourrir le mythe rêvé d'un héritier que l'on voudrait tout à la fois voir s'élever et chuter.

L'ironie du sort condamnera Guilhem à la seconde alternative, lorsqu'il subit un accident de Quidditch sévère qui réduit sa main en charpie. Celle-ci lui est alors retirée en urgence pour éviter l'infection, et le poursuiveur se retrouve délesté de la position sociale qu'il s'était construite minutieusement, désormais incapable de pratiquer le sport dont il avait fait son métier. Pendant de longs mois, il s'enferme dans sa demeure de Fontainebleau, isolé de la société Parisienne dont il avait fait son terrain de jeu. À la fois honteux et révolté par l'injustice de l''accident subi, celui-ci ne fait que nourrir le cynisme et la colère qu'il avait toujours éprouvé pour le monde qui l'entoure ; égoïste, Guilhem se persuade qu'il ne doit plus rien à personne, et c'est sans doute la raison pour laquelle il est approché par les frangins Renard, duo de cambrioleurs émérites qui voient dans son aisance naturelle en société, un talent profitable pour en faire un complice. Il se fait alors voleur-velours, puits sans fond d'informations sur les fortunés, leurs habitudes et leurs cachettes, usant désormais de son habileté pour se faire attrapeur : non pas de balles de cuir ou d'or, mais bien de tout ce qui pourrait avoir de près ou de loin de la valeur. Vengeance puérile qu'il décide de prendre sur ses semblables qu'il méprise, et l'existence moribonde et dorée qui l'avait avalé, puis recraché à la manière des déchets dont le corps se déleste sans honte.