Geneva Comstock

Les œuvres d'art existent pour marquer les esprits à travers quelques coups de peintures. C'est avec cette pensée que Magenta Comstock débuta sa vie, et c'est ainsi qu'elle s'évertua à la vivre. Pour elle, il n'y a que peu d'intérêt à exister d'une façon banale, il faut avancer en essayant de garder l'espoir que l'on peut vaincre le plus grand meurtrier qui soit : le temps. Aux yeux de Magenta, il n'y a que ceci qui a de l'importance. L'amour, la joie, l'amitié ne sont que des sentiments, un vague mirage qui sert à prétendre que notre existence n'est pas vaine. Tout du moins, c'est ce qu'elle prit soin de se répéter durant les vingt premières années de sa vie, jusqu'à une rencontre fortuite. Ne vous méprenez pas, ici, il n'y a pas de prince charmant provoquant une remise en question de son univers, mais davantage une erreur de soirée, un sorcier dont elle ne connaissait qu'à peine l'identité et un échange emplit de ferveur qui conduisit à la naissance de Geneva. La glace n'eut alors d'autre choix que de fondre face aux yeux pétillant et à la peau ambrée de sa fille. Geneva grandit sans la moindre attache avec son géniteur, jusqu'à ce qu'elle supplie sa mère de lui accorder un prénom, un nom, pour découvrir l'identité de celui qui partage son sang. Elle qui s'attendait à homme bon, découvrit un détenu d'Azkaban, enfermé pour contrebande. L'image d'un prisonnier abîmé par les années est alors le seul souvenir qu'elle garde de lui et son séjour ne lui apporta que de l'angoisse.

Geneva n'a jamais été de ces enfants qui se perdent à travers mille bêtises et qui se démarquent par un fort caractère ou une quelconque insolence. Elle est simplement elle-même, Geneva existe pour son propre plaisir et pour se satisfaire des choses les plus simples, sans se soucier du regard des gens. Rarement dans les problèmes, elle ne supporte pas les disputes et ne garde que le positif des situations. Cette philosophie de vie, elle l'a héritée de sa mère qui fit de son mieux pour l'élever sans jamais lui mentir sur la tragédie de l'existence. Il n'y a pas de « maman », pas de voix infantilisante, ou de mots simples à prononcer, bien au contraire. Magenta use toujours des mots d'adultes, lisant à sa fille de cinq ans, du Sophocle pour l'endormir sans jamais lui citer de contes enfantins qu'elle juge ridicules. Son apprentissage ne s'arrête pas là, elle développe également le don de Geneva pour la peinture et passe des heures à lui apprendre quelques-unes de ses techniques expérimentales. Combien d'heures passées dans le bureau de sa mère à tenter de copier son art magique quand elle était encore incapable d'user de sa baguette ? C'est ainsi qu'elle se mit à développer un don rare, unique même. Ses peintures prirent très tôt vie sous ses doigts, les objets devenant même réels durant quelques minutes. Cette capacité, elle la cache, comme une chose qu'elle garde au fond d'elle, un secret qu'elle ne veut pas confier.