Francesca Moroz

Née dans la ville de Derby, en Angleterre, la première chose qui frappe lorsque Francesca se présente à vous pour la première fois est son accent très prononcé. Viennent ensuite ses yeux, bleu clairs, presque gris, et son visage d'ange auquel il ne faut pas se fier. Francesca, sous ses allures d'enfant sage, est une petite impertinente naturellement douée pour le sarcasme. Ne vous laissez pas berner par ce calme apparent ni par ce flegme légendaire ; elle est capable de vous coiffer au poteau en deux trois mots, sans même prendre la peine de lever les yeux du livre qu'elle est probablement en train de lire.

Fille ainée, Francesca, ou Fran pour les intimes, est la grande sœur d'une fratrie de cinq garçons majoritairement turbulents. Et avec des parents souvent absents, elle a dû apprendre très tôt à gérer tout ce petit monde et à faire régner l'ordre à la maison – autant dire que ça forge le caractère, ce dont notre demoiselle ne manque certainement pas. Le travail de son père, employé au département de la coopération magique internationale, l'oblige à partir en voyage aux quatre coins du globe, plusieurs fois par mois. Quant à sa mère, elle possède un don de voyance particulièrement prononcé. Lire l'avenir dans les cartes, les feuilles de thé, les astres ou les rêves... Francesca connait tout ce qu'il y a à savoir sur la divination, un talent dont elle a d'ailleurs hérité. C'est un art un peu obscur qu'elle pratique à l'occasion, comme un simple passe-temps ou bien lorsqu'elle est sollicitée. Et si au départ la jeune fille voyait d'un mauvais œil ces pratiques, majoritairement en raison des absences répétées de sa génitrice qui s'aventure encore et toujours sur les routes pour offrir ses services, elle a finalement accepté cette part d'elle qu'elle ne peut vraiment renier. Elle a même arrêté d'en vouloir à sa mère, bien qu'elle aimerait parfois former une famille normale et unie, et non pas une famille qui ne partage qu'un repas ensemble toutes les deux semaines, à cause du travail et de ce troisième œil qui commence à faire perdre la tête à la matriarche.

Cette perte d'esprit, Francesca en est terrifiée. Elle observe sa mère s'enfoncer dans l'obscurité de futurs incertains et pluriels depuis des années, impuissante, et craint de subir le même sort un jour. Mais comme à son habitude, elle n'en montre rien – c'est un peu sa marque de fabrique. Dissimuler pour mieux rester maître de soi même et agir comme si tout allait bien, alors qu'elle n'a de cesse de s'inquiéter pour ses frères restés seuls à la maison dès qu'elle retrouve les murs de Poudlard.
Les seules choses en mesure de la détendre lorsque son niveau d'inquiétude atteint des sommets, ce sont la lecture, des livres et des cartes, ainsi que les plantes. Et si elle sait deviner les grandes lignes de futurs décousus, elle nourrit paradoxalement une grande anxiété vis-à-vis de son propre avenir ; Francesca est incapable de se projeter. Elle ne sait pas ce qu'elle fera une fois l'année terminée, elle refuse de lire ses propres cartes car elle sait – elle sait que dans peu de temps, son monde va s'écrouler.
La sombre affaire remonte ; des mois plus tôt, dans l'ombre du grenier de la maison familiale. Fran s'amusait à tirer les cartes de ses frères lorsque le spectre de la mort s'est retourné sur le chemin de Malachai. Un secret terrible qu'elle conserve depuis, perdue entre la douleur et la peur de lui avouer la vérité.