Eros Beaurepaire

Eros est née dans les étoiles, celles de l'observatoire de Paris.
Filles de deux astronomes célèbres, elle est de celles dont le futur semble tout tracé et ce dès sa première respiration. Elle sera ce que les étoiles voudront qu'elle soit, qu'importe ses désirs et ses souhaits, elle sera ce que ses parents tentent de lire dans le ciel à l'instant de ses premiers cris. Très tôt, elle est pourtant une contrariété pour ses parents : c'est que le ciel est flou, les étoiles sont indécises et même son apparence a le don de changer. Pour des personnes qui tentent de prévoir chaque jour à la seconde près, Eros est une erreur, un mauvais calcul qu'ils espèrent changer avec le temps.
A défaut de changer, Eros évolue, elle s'émancipe de cette famille qui tente de la modeler à leur image pour devenir celle qu'elle souhaite être. Dès son entrée à Serdaigle, Eros est un tracas constant, elle refuse de faire ce qu'on lui impose et apprend à penser par elle-même. Si elle se plonge dans des dizaines d'ouvrages, c'est pour découvrir toutes les idées, tous les points de vue et se forger le sien. Elle refuse que l'on glisse dans son esprit des certitudes, elle n'accepte que les siennes et qu'importe si elle ne sont pas les bonnes ou pas assez acceptables pour la société. Eros est un esprit libre, et ce même si cela pousse ses parents à refuser son existence et sa volonté d'être. Alors elle apprend à vivre seule, dès ses quinze ans, elle se retrouve à errer dans les quartiers mal famés de la capitale londonienne, autant dans l'univers moldu que sorcier. Si elle se laisse dépérir durant les premiers jours, la jeune femme s'en sort grâce à ses dons. La voleuse adapte son apparence à celle que l'on attend d'elle. Pour pénétrer dans les endroits réservés aux hommes, elle en devient un et elle se plaît dans ce corps qu'elle modèle à son gré. C'est ce talent de métamorphomage qui la pousse à rejoindre les rangs de l'Aube Noire. Eros se méfie d'eux et de leur idéologie, mais elle voit pourtant le côté financier de la chose et l'argent qu'elle peut se faire grâce à leurs missions. Loin de croire pleinement en eux, elle croit en leur argent et celui lui semble suffisant pour devenir un de leurs membres les plus aguerris. Pourtant, les gallions qu'elle entasse ne lui servent pas, elle les garde précieusement, car pourquoi dépenser quand on peut amasser, encore et encore ? Alors son existence se base sur cette conception des choses et elle devient la voleuse aux milles visages.
En 1948, elle trahit pourtant ses convictions et accepte de s'incliner face aux souhaits de la société pour s'installer dans l'un des endroits les plus cossus du monde sorcier, sur la très chic place d'Aphrodite. Là bas, elle devient celle que personne ne connaît et qui se glisse parmi les sorciers riches en mimant à la perfection leurs expressions et leurs gestes. Pourquoi se méfier d'une de leur voisine et de ceux et celles qu'elle ramène entre les murs de son appartement ? Après tout, s'ils ont l'élégance des nobles, ils doivent être comme eux. De son doigté digne des plus grands artistes, Eros devient la voleuse des bourgeois et qu'importe si elle se fait prendre, car qui pourra accuser celle qui modèle son apparence au fil de ses désirs et de ses envies ?