Eliott Eisenmann

Une histoire doit-elle obligatoirement commencer par la naissance de son protagoniste ? Celle d'Eliott, ici, débute à ses quinze ans, lors de son arrivée à Poudlard. Officiellement, ce jeune garçon à l'accent allemand est un immigré, traumatisé d'une Allemagne nazie et d'une violence quotidienne. Fils d'un père sorcier et d'une mère moldue de confession juive, il n'eut pas la chance d'être protégé par sa magie et dû voir sa mère se faire enlever sans rien pouvoir faire pour la protéger. Vie tragique, enfance douloureuse et pour autant, il fut aimé par ceux qui lui ont donné la vie. Du moins c'est ce qu'il dit, c'est ce qu'il raconte. L'arrestation de sa mère et sa mort présumée lui ont appris à profiter des instants qu'on peut lui accorder, comme lui répète son père, continuellement, il doit savoir se satisfaire et positiver. Oui, son histoire débute à Poudlard, du moins celle qu'il a inventé, celle qu'il a appris à définir comme étant la sienne sans jamais faire varier sa version pour ne pas éveiller les soupçons mal placés. On ne s'interroge pas sur la vie d'un enfant qui a déjà assez subi.

Maintenant, reprenons du début, du premier instant, de son premier souffle et de son premier cri. Eliott n'est pas né dans une famille aimante, il est né, tout simplement, ou plutôt on l'a arraché de la chaleur de sa mère pour le jeter dans une vie glaciale dénuée de la moindre relation sociale appréciable. Sa mère est une alcoolique, une femme de la rue qui passe plus de temps dans des draps étrangers que dans la petite cahute aménagée. Son père est un homme violent, qui attend que sa femme lui rapporte de l'argent pour se perdre dans la boisson. Cracmol dénué de magie, il n'a jamais réussi à se remettre de cette injustice et a su exprimer sa colère quand, à ses sept ans, son fils a commencé a déplacer des objets sans les toucher. Oui, quand on repense à l'histoire qu'Eliott raconte, on en vient à regretter la tragédie qu'il a conté. La suite de l'histoire n'est pas aussi triste, tout du moins pour lui. C'est lors d'un après-midi passé à flâner dans des quartiers peu recommandés, à l'aube de ses treize ans, que sa vie s'améliore à travers sa rencontre avec Jan Eisenmann, un homme au costume sur mesure et aux chaussures bien cirées. Bien que dans un premier temps, l'adolescent trop violent ne lui offre que des insultes, l'offre que Jan lui fait parvient à le faire taire. C'est simple, Jan lui promet la richesse, l'argent facile, le pouvoir, mais également la vengeance envers un père incapable. Dénué d'intelligence, sur l'instant, rien ne semble dérangeant pour le jeune enfant.

Suite à cette rencontre, Jan est devenu le père de substitution du jeune garçon, sans jamais qu'Eliott ne se doute d'une quelconque malveillance derrière l'aide de son mentor. Jan lui apprit à lire à la perfection, il lui fit découvrir mille et une choses, il lui montra comment se tenir droit, porter le costume et agir comme si ses poches étaient pleines de billets. Eliott fut un élève idéal, jusqu'à ce que les choses en deviennent autrement. Adieu les livres, bonjour le sang. A quatorze ans, il fallut lui apprendre le plus important : accepter la violence et la rendre encore plus brutalement. Leurs séances se firent plus meurtrières et ce qui commença par des coups se termina au milieu de cadavres. Eliott apprit à ne pas ressentir la moindre pitié envers les autres, simplement envers lui-même et quand Jan lui demanda la tête de son père, ce fut sans hésiter qu'il lui ramena sur un plateau d'argent. Ce fut le début de son intégration à Skjærsilden. Les autres étapes se firent sans le moindre sourcillement et ce jusqu'à la nuit qu'il dû passer dans un village abandonné. C'est simple, cette épreuve, Eliott n'en parle jamais. A personne. Pourtant, il en a gardé de violents cauchemars qui le réveillent encore, la lèvre en sang à force d'y avoir enfoncé ses dents pour étouffer ses cris.

Son entrée dans l'organisation fut un événement, pour Jan, mais également pour les dirigeants, dont il ne connaît pas le nom. Une recrue aussi jeune, endoctrinée si brillamment promet un adulte dévouée corps et âme. Lors de ses quinze ans, il obtient sa première mission, une toute simple, fonder une branche de l'organisation faîte à partir de jeunes recrues. Pour ça, il doit intégrer Poudlard, lui qui n'a jamais été dans la moindre école, il doit apprendre à se faire apprécier, à repérer de futurs jeunes étudiants en marge de la société et les ramener. Rien de plus facile, n'est-ce pas ? Pourtant, le poufsouffle peine à le faire. Se faire apprécier n'est pas difficile pour celui qui est habitué à se jouer de son identité, trouver des personnes qui seraient prêtes à tout sacrifier ? Plus compliqué. Eliott le sait pourtant, décevoir Skjærsilden est vivement déconseillé.