Dorothea Sykes

Dorothea, c'est avant tout un sourire en demi-teinte, tout en énigmes. Elle a cet aura de mystère autour d'elle, qu'elle n'a jamais eu aucun remord à entretenir. Elle aime provoquer les esprits, apporter avec elle autant de questions que de réponses. Dotée du troisième oeil, sa voie a toujours été tracée. Petite, elle prédisait à sa mère que le chat de la voisine moldue allait mourir écrasé sous une voiture, que le ragoût dans la marmite serait prêt dans exactement huit minutes... que papa allait la quitter pour une jeunette de vingt ans. Inutile de dire que son don n'a pas apporté que de la joie au foyer Sykes ; sa mère a eu tôt fait de remettre sur le dos de la fillette le départ prématuré de son mari, prétendant que son soi-disant don leur avait apporté le mauvais oeil. Le troisième oeil, répliquait Dorothea, intransigeante. C'est qu'elle n'a jamais douté un instant de la véracité de ses pouvoirs. Haute comme trois pommes et mains sur les hanches, elle tenait tête à sa mère, un brasier dans le regard. Un sacré caractère, Dorothea, sous ses airs angéliques. Et dès qu'elle fut en âge de prendre son envol, elle quitta sa marâtre pour trouver des terres plus accueillantes. Elle a voyagé partout dans le monde ; elle a tout vu, tout découvert, tout appris. Parle une multitude de langues et a tissé plus de liens en quelques années que la plupart des gens le font en une vie entière. La majeure de son existence, elle l'a passé en Afrique du Sud, dans un quartier sorcier de Soweto, l'un des plus grands ghettos. Là-bas, alors qu'elle tente de venir en aide aux populations les plus pauvres, elle se laisse entraîner à son insu dans les affaires de l'Aube Noire, qui a la main mise sur le territoire de Soweto : on lui offre une somme astronomique de gallions pour ses prophéties, et bien évidemment, pour qu'elle garde le silence sur leurs activités. Et puisque l'argent se fait rare, Dorothea est bien obligée d'accepter - tout en sachant pertinemment que l'Aube Noire se fait de l'argent sur le dos des pauvres en vendant sa drogue, le Desparatium, dont on murmure le pouvoir infini. Pour faire taire sa culpabilité dérangeante, qu'elle propose ses services gratuitement aux habitants des bidonvilles, vivant de son travail pour l'Aube Noire, et devient une figure emblématique de Soweto ; on l'appelle Die Vrou Wat Sien, la Femme qui voit. Une bienfaitrice dont on chante les louanges, et dont on moque l'hypocrisie dans les rangs de l'Aube Noire. Revenue en Angleterre dix ans plus tôt lorsque sa vie est entrée à Poudlard, Dorothea n'a pas pour autant perdu ses liens avec l'organisation ; elle est très proche de son leader Willhem Forsythe, qui a su s'attirer sa loyauté. Mais la voyante n'a pas perdu son objectif d'autrefois. Toujours dans cette ambivalence qui la caractérise si bien, drapée dans ses mystères et sa verve joueuse, nébuleuse, Dorothea panse les plaies qu'elle participe à causer en tentant d'éliminer le Desparatium à la source. Une trahison qui lui coûterait cher si elle venait à être découverte.