Chestak Karkaroff

Il est important, aux yeux des sangs purs, d'assurer une descendance. D'avoir un fils. Deux peut-être, dans l'idée que le premier ne puisse pas survivre aux premières années. Un troisième ne sera jamais de refus, vous comprenez, pour les plus pessimistes qui se persuadent que c'est une nécessité. S'il y a une chose que Chestak a pu remarquer, c'est qu'il n'y a aucun intérêt à avoir six garçons d'affilée. Les premiers jours de sa vie furent l'occasion de lui apprendre, son prénom indiquant sa malédiction. Aucun amour ne lui fut attribué, il n'était qu'un homme en plus, une bouche à nourrir qui n'avait rien de désirée. Bien entendu, la richesse de ses parents n'était plus à prouver, mais tout de même. Il fut alors le mal aimé, celui qui ne sait rien faire mais à qui l'on apprend rien pour changer cela. Celui qui nous désespère car il n'a pas les qualités de ses ainés. Alors, à quoi bon exister ? Cette question fut posée par ses frères qui virent en lui un héritier avec qui partager une richesse déjà bien divisé, et qu'une seule et unique solution pour remédier à ce problème : le noyer. Durant une journée d'hiver, l'action fut menée. Chestak fut poussé dans l'eau glacée, coincé sous la glace et prêt à crever. Ses frères, eux, ne firent qu'en rigoler. Bien sûr, l'issue ne fut pas tragique et le garçon de six ans réussit à s'extirper. Bien loin de faire payer à ses frères leur action, cela donna une raison aux parents du jeune Chestak de se débarrasser d'un poids qui leur pesait. Justifiant leur abandon par une volonté de lui faire découvrir le monde, ils l'envoyèrent au Royaume Uni où il fut élevé par une famille de sang pur aux idéaux semblables à ceux des autres, les Yaxley. Les protagonistes en furent alors tous libérés. Lui car il n'eut plus à subir la violence de ceux partageant son sang, sa famille car ils n'avaient plus à s'occuper d'un rejeton incapable.

Ses premières années en Angleterre furent compliquées, ponctuées de rejets et de moqueries de la part de son nouvel entourage. Pour autant, Chestak prit sur lui pour ne jamais montrer son désarroi. Il apprit la langue de son pays d'adoption, mais également à se comporter comme la noblesse anglaise le désirait, loin de ses anciennes coutumes. Le père Yaxley fut ravi de ce fils débarquant d'un autre monde et offrant à chacun l'image d'un sorcier admirable. Chestak devient alors très vite une copie conforme de tous les autres sangs purs, arrogant, froid et ambivalent, démontrant tout ce qu'on a toujours attendu de lui. Des notes exemplaires, une magie puissante, il n'y a que peu de fausses notes chez celui que l'on a façonné pour être une perfection incarnée. Pourtant, il est bien loin d'être un homme sans failles. Abîmé par des années de supplices, il a constamment la peur panique de se faire abandonner, rejeté par ceux qui ont eu la décence de l'élever. Son entrée chez les chevaliers fut un honneur pour lui, mais cela se transforma bien vite en enfer. En effet, Chestak est assez intelligent pour comprendre que ses membres sont dangereux, mais pas assez bête pour le dire à voix haute. Persuadé qu'il n'est pas assez, il n'est pas rare de le voir essayer à tout prix de plaire à une société qui n'a rien d'idéale et ce même si cela va à l'encontre de ses principes et de sa morale.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a prit la décision de rejoindre les humanistes, convaincu qu'ils sauront l'aider à s'élever.