Cassiopeia Black

Première fille de sa fratrie, enfant du très respecté Cygnus Black II, Cassiopeia est née avec une cuillère en argent dans la bouche et de lourdes responsabilités innocemment déposées au pied de son lit. Le ton est ainsi donné ; Cassiopeia sera une grande dame, une épouse parfaite destinée à un époux riche et reconnu au sein d'une communauté magique intransigeante. Cassiopeia, la première, nommée après cette reine qui fut punie pour son orgueil – une qualité que ses parents ont indéniablement cherché à lui transmettre malgré tout. Car une reine sans orgueil, c'est une reine sans couronne. Et il est hors de question que leur fille ne monte pas sur le trône.
C'est ainsi que les premières années de la vie de Cassiopeia défilent ; un enchainement de leçons et de précepteurs, de diners interminables et de rencontres avec de jeunes sang-pur de son âge. Très à l'aise en société, petite préférée, elle voit d'abord d'un mauvais œil l'arrivée de sa sœur Dorea. Elle a beau adorer son ainé Pollux, apprécier même son cracmol de frère Marius, elle n'arrive pas à accepter cette jolie blonde qui vient comme un cheveu sur la soupe charmer tout le monde. A ses yeux, Dorea est alors une tâche – et celle-ci ne cesse de grandir

Répartie sans surprise à Serpentard, la scolarité de Cassiopeia se déroule sans aucune faute. Fiancée à un noble héritier, l'adolescente assied sa puissance parmi ses paires et se voit même nommée leadeuse du très sélectif club des Demoiselles d'Avalon. La reine accède au trône, la couronne presque sur la tête. Mais comme si c'était trop beau pour être vrai, ou comme si, à l'instar de la Cassiopée punie par les dieux, il fallait la condamner, la jeune Black tombe malade à l'aube de ses dix-huit ans. Le médicomage est alors formel : Cassiopeia souffre d'une forme particulièrement aigue de la Dragoncelle. Effondrée, elle voit ses rêves se briser un à un à mesure que sa peau se ternie et que ses forces l'abandonnent. Il lui faudra une année entière pour s'en remettre, le temps de découvrir que la maladie l'a laissé stérile et que les parents de son fiancé ne rompent leur engagement.

Pour Cassiopeia, la chute est terrible. Elle a tout perdu, et la seule raison pour laquelle ses parents ne se précipitent pas pour la déshériter est qu'ils ont déjà renié Marius, son petit-frère, et que cela ferait mauvais genre. De plus, sous ses grands airs sévères, Cygnus II porte une affection toute particulière à cette fille en laquelle il avait placé tant d'espoirs – qui seront donc reportés sur Dorea, nouveau coup de poignard pour l'ainée qui n'en peut plus de cette meilleure version d'elle-même. D'abord pointée du doigt, Cassiopeia fait l'objet de tous les ragots de la société. On murmure sur son passage, on parle de la jeune femme au destin brisé, à la vie déjà gâchée et terminée ; on la moque, et le choc est dur à encaisser. Les premiers mois. Peut-être la première année. Mais bien vite, Cassiopeia se relève. C'est qu'il ne sert à rien de s'apitoyer et il est hors de question de donner raisons à toutes les mauvaises langues : sa vie n'est pas déjà finie.

Au contraire, elle ne fait que commencer.

Elle puise alors dans toute la fierté des Black et dans leur mental d'acier pour se refaire une situation. Passionnée par les plantes, elle dévore tous les livres de botanique qu'elle peut trouver et entame en secret une formation de botaniste auprès du célèbre Giffard Abbot II. A vingt-cinq ans, elle ouvre sa propre boutique sur le Chemin de Traverse, Orchideus, où elle vend et s'occupe de fleurs et plantes magiques en tous genres. Et si effectivement elle doit l'obtention du commerce à l'argent de sa famille, c'est elle seule qui tire ensuite les rennes et fait prospérer son affaire. Déterminée, Cassiopeia n'a pas froid aux yeux. Elle qui était moquée est redevenue la jeune femme respectée qu'elle était avant – bien que l'on n'efface jamais complètement les idéaux étriqués qui voient son statut de célibataire et femme d'affaire accomplie d'un mauvais œil. Qu'importe, Cassiopeia se complait dans ce rôle de dame irréprochable, à la superbe incomparable. Personne ne se doute d'ailleurs qu'elle cultive en secret des produits totalement illégaux et qu'elle fait pousser des plantes interdites en Angleterre, qu'elle marchande au marché noir pour gagner davantage d'argent. Ses talents lui ont même valu une approche de l'Aube Noire, qu'elle a aussitôt décliné ; travailler illégalement, oui, mais toujours seule.

Cassiopeia ne renoncerait pour rien au monde à sa liberté.