Caelum Selwyn

Héritier de l'une des célèbres maisons des Vingt-huit sacrés britanniques, Caelum fait partie d'une vieille hiérarchie sociale à la position bien ancrée, son influence jamais remise en question. Il est alors élevé comme un prince : fils adulé, étouffé, par sa mère, qui reporte le manque d'attention de son mari sur son enfant, fils surveillé au grain par un paternel ne désirant rien de plus que de le modeler à son image.
Bien que né entre les murs du manoir familial, Caelum ne grandit pas en Angleterre. En effet, son père se voit offrir un poste important en Inde, une terre que les moldus anglais ont colonisée - les sorciers profitant de cette domination pour s'y asseoir et étendre leur influence. Sans laisser le choix à sa femme, qui n'a aucune envie de quitter son pays, le patriarche prend la décision d'y installer sa famille. Très vite, les Selwyn se font une place dans les hautes sphères indiennes ; ils retrouvent un foyer immense, leur train de vie, leur puissance, peut-être même davantage qu'en Angleterre où d'autres noms faisaient de l'ombre au leur. Tout est exactement comme le père de Caelum en rêvait. En revanche, l'aversion de sa mère prend le dessus sur toutes les richesses qu'ils accumulent et la sorcière devient de plus en plus exécrable.
Pour Caelum, les choses changent alors peu à peu. Bien que toujours considéré comme l'enfant roi, certain de sa supériorité et capricieux, l'arrivée d'Esha, la petite indienne dont la famille a été massacrée par la sienne, marque un tournant. Il observe d'abord de loin cette enfant réduite au rang d'elfe de maison, cette moldue sans défense qui trime pour nettoyer après lui et qui, surtout, prend les coups à sa place lorsque son caractère fait des siennes et qu'il tente de repousser les règles établies. Son entrée à l'école de magie d'Agaradhi lui ouvre de nouveaux horizons. Caelum y fait de nouvelles rencontres et s'il reste surtout dans un cercle fermé d'adolescents aussi privilégiés que lui, il profite d'une immersion totale dans la culture indienne, qu'il apprend à aimer - davantage que ses parents, dont les efforts pour s'y adapter sont proches de zéro. De retour chez lui, il ne peut alors s'empêcher de développer un sentiment de culpabilité vis-à-vis d'Esha. Il la retrouve en cachette pour soigner les blessures qu'on lui inflige par sa faute, selon les caprices d'une mère de plus en plus aigrie et les sautes d'humeur d'un père enrôlé dans un groupe de puristes violents. De fil en aiguille, les échanges silencieux se comblent de mots et les deux nouent une amitié sincère, bien que dissimulée.
Malgré cet élan de compassion et cette part de lui plus apaisée, Caelum est incapable de délaisser les travers de son éducation. Il n'en a pas forcément envie.

Il termine sa scolarité et devient ainsi un jeune homme plein d'arrogance, sarcastique au possible - un peu adepte d'un je-m'en-foutisme qui le plonge dans l'oisiveté. Après tout, pourquoi perdre son temps à faire autre chose que profiter de la vie ? Caelum ne veut pas d'un travail derrière un bureau, ni d'un travail tout court ; il veut sortir dans les rues bondées de New Delhi, s'y perdre tard le soir, passer ses journées au bord de la piscine à ne rien faire. Profiter de quelques minutes seul avec Esha. Son père le ramène à la réalité lorsqu'il l'oblige à le suivre dans son groupe de puristes. Agacé par la paresse de son fils, il prend à cœur de l'endurcir. Caelum se retrouve alors plongé au-milieu d'un cercle violent, branche représentant en Inde le pouvoir de Grindelwald dont l'influence monte et s'étend : sans avoir son mot à dire, il est entraîné, prend part à plusieurs opérations et, bien vite, ses mains sont tachées de sang. Caelum devient un meurtrier. Un tueur plutôt doué - efficace. Il perd de ses grands airs et s'assombrit, tiraillé entre sa loyauté envers sa famille, son confort qu'il refuse de perdre et le dégoût qu'il ressent à chaque fois qu'il laisse un corps derrière lui. Il n'a pourtant rien d'un défenseur des moldus, malgré son attachement envers Esha, tout à fait conscient de sa place supérieure à ceux dont le sang est moins pur que le sien - mais est-ce une raison pour conduire au meurtre ?
La question finit par mourir dans un coin de son esprit. Il l'oublie pour garder la tête sur les épaules et ne pas avoir à faire face à lui-même.
Il se contente de répondre aux exigences, et de faire ce pourquoi il s'est découvert un talent.

Il voit pourtant un échappatoire quand Esha lui propose de fuir, mais la tentative est vite avortée lorsque la famille Selwyn décide de quitter l'Inde, où la situation politique est en train de s'inverser, pour retourner en Angleterre.
Là-bas, il est libéré du groupuscule et connaît un temps de paix. Son père rompt ses liens avec les puristes radicaux pour s'assurer un portrait irréprochable sur sa terre natale, se plonge dans son nouveau travail au ministère à tel point qu'il délaisse Caelum qui peut reconstruire son quotidien comme il l'entend. Il redécouvre ce pays qu'il avait presque oublié, noue de nouvelles connaissances et, après avoir surpris Esha errer en pleine nuit, entend parler des Sceptiques. Le sorcier rejoint alors l'organisation, plus pour la jeune femme que par conviction - si les promesses de Freyr sur un monde meilleur, débarrassé des ennemis puristes le laisse indifférent, malgré les séquelles qu'il garde encore de son temps passé sous leurs ordres, il est davantage séduit par les nouvelles formes de magie qu'il apprend. Et peut-être que, pour la première fois, il a enfin l'impression d'appartenir à une entité qui se soucie réellement de lui.