Bakay Ndgwo

Que peut-on faire, lorsque notre propre famille ou encore notre pays d'origine ne nous considère pas comme humain ? Un nouveau-né est censé combler de joie ses géniteurs, éveiller un minimum de fierté envers cet être qui représente le mélange de deux cœurs, l'œuvre d'un amour affiché au grand jour. Il n'en fut pourtant pas le cas pour Bakay. Malgré une longue attente et un désir d'enfant affiché, le jour de sa naissance le condamna à une vie d'errance. Un enfant albinos n'est pas humain mais représente une malédiction jetant le dévolu sur deux êtres bons sous tout rapport. Il y eu alors deux possibilités, mettre fin à sa vie ou le vendre à un bon prix. La deuxième solution fut la plus évidente, l'argent ne coulant pas à flot, quelques pièces d'or pour nourrir des bouches affamées ne sont pas à refuser. Car oui, dans certains endroits du globe, être albinos est une malédiction pour les uns et une chance pour les autres - d'après les rumeurs, le sang de ces derniers offre une longévité et une richesse éternelle. Pour Bakay, l'avenir fut alors tout tracé. Des années de maltraitance pour, par la suite, se faire saigner. Enfance idéale pour un être n'ayant rien demandé. Pourtant, la transaction n'aboutit jamais car, dans le berceau du garçon, ce ne fut qu'une lange vide qui fit face aux acheteurs. L'enfant fut considéré comme disparu par les autorités, et volé pour ceux ayant dépensé de l'argent dans le vent.

Bien loin d'avoir perdu la vie, Bakay fut recueilli par une vieille dame qui le trouva devant le pas de sa porte, sans jamais comprendre comment il eut le pouvoir d'arriver là. Bien loin d'ignorer la rareté d'un albinos et l'intérêt apporté à leur sang par quelques dirigeants ou gens importants, elle le fit grandir à l'abris des regards, enfermé dans une pièce sans possibilité de voir le monde tout en lui apportant, pourtant, tout l'amour qu'elle fut apte à produire. Il connut le monde à travers ses récits et quelques légendes sur l'Afrique du sud, son pays. Ce fut la mort de sa tutrice qui poursuivi les malheurs de sa vie. Incapable de rester seul, il prit la décision de s'enfuir, à huit ans à peine, survivant grâce à quelques vols et une très longue errance à travers le Botswana, le Zimbabwe et le Mozambique. Il se serait laissé mourir si plusieurs apparitions incompréhensibles ne lui apportèrent pas du réconfort et de quoi se nourrir. Constamment couvert d'un long voile blanc pour ne pas subir la violence du soleil, certaines rumeurs le comparèrent à un esprit annonciateur de mauvaises nouvelles. Son errance prit fin lorsqu'il fit la connaissance de Melchior Downey, un sorcier d'une soixantaine d'années. Explorateur reconnu dans le monde magique, il était parti à la recherche de ce fameux messager démoniaque et quel fut sa surprise de faire face à un enfant d'une dizaine d'années, doté d'une multitude de pouvoirs. Incapable de le laisser faire face à une mort probable, il le ramena au Royaume uni et fit son possible pour inscrire le garçon à Poudlard. Faisant son entrée à l'école à l'âge de 13 ans, il fut considéré par certains comme un être à part et par d'autre comme un garçon admirable. Bien vite, il fit de son mieux pour s'intégrer, malgré une grande timidité qui contrastait avec son physique plus développé que celui des autres élèves de son année.

Bakay n'est pas de ceux qui s'apitoient sur son passé, Melchior fut celui qu'il appela père et lui apprit à être optimiste. Toutes les souffrances passées devaient être ancrées comme étant ce qui a fait de lui le jeune homme qu'il peut être aujourd'hui. Intelligent, il cache pourtant ses profondes réflexions derrière des haussements d'épaules lorsque des questions lui sont posées. Bien loin d'être méchant, il agit parfois pour plaire ses camarades, même si cela va à l'encontre de ses valeurs. Souvent plongé dans un livre, il est passionné par le métier de son tuteur et rêve de découvrir, à son tour, le monde qui l'entoure. Pourtant, une part de lui reste terrifié à l'idée de sortir de ses habitudes. Son physique particulier attire les regards et le pousse à se mépriser. Il a si souvent entendu des voix murmurer qu'il était un envoyé du diable qu'il a fini par le croire, ne supportant plus de se voir dans un miroir, à un point où sa seule vision le rebute et le terrifie.