Astoria Gamp

Si vous espérez lire les débuts d'une femme révoltée, il est peut-être temps de faire demi-tour, car chez la jeune Astoria, il n'y a aucune envie de s'échapper de la condition dans laquelle elle est née. Pour quoi faire ? Dans quel intérêt ? Bien entendu, exister pour combler les désirs d'un homme n'est pas des plus appréciables, mais qu'il y a-t-il de désagréable dans le fait de tout simplement avoir à sourire pour obtenir de quoi vivre une vie aisée ? Rêvée. Aucune méprise, Astoria n'a jamais été un petit ange docile. Pour beaucoup, elle est un serpent détestable. Dès son plus jeune âge, elle comprend qu'elle n'a pas son mot à dire, du moins pas officiellement, mais que si elle veut s'en sortir, ses charmes se doivent d'être redoutables. Son entrée à serpentard ne fait qu'améliorer ses talents et ses dons pour dissimuler qui elle est. Parfaite sang-pur, elle représente pour ses ainés un idéal à atteindre. Une femme parfaite qui dévoile ce qu'elle est censée dévoiler et qui cache ce que l'on ne veut voir, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas acceptable. Oui, Astoria se fond dans la masse, et pourtant se démarque grâce à la froideur de son sourire. Ses camarades le savent, la contrarier revient à se faire achever, lentement, jusqu'à céder. Harcelés par une jeune femme qui fait ses coups en douce. Et donc impossible à attaquer.

Peut-être que tout ceci aurait pu durer et la transformer en femme idéale à marier. Peut-être. Mais les choses n'ont pas tardé à changer. Car on ne peut être femme et vouloir défendre ses convictions ; une femme n'a rien à faire dans la bataille, elle se doit de soutenir les hommes qui ont la force de tout affronter. Mais le monde n'est plus le même, et les résistants ont fait s'élever en Astoria une envie de révolte. Qui sont-ils, ceux qui se rebellent contre Grindelwald ? Comment peuvent-ils affirmer que leur sang impur les place sur un pied d'égalité ? Sacrifice ultime qu'elle semble faire alors, lorsqu'elle renonce à un avenir déjà tout tracé pour rejoindre le cercle puriste, en première ligne. Ses parents ne peuvent nier la fierté qu'elle éveille en eux, et ce même s'ils doivent renoncer à lier leur famille à une autre famille influente. Après tout, Astoria est jeune, le mariage peut bien attendre. Au contraire, son frère est plus contrarié par ceux qui encensent la parole libérée. Sa sœur peut avoir ses idées, mais oser affirmer qu'elle peut lutter lui semble ridicule. Pourtant, leur désir de se battre est de courte durée, et lorsque leur maître se retrouve enfermé, ils n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.

Amusant, n'est-ce pas, de voir ceux qui ont été harcelés se retourner et d'entendre leurs voix s'élever à leur encontre. Tout du moins à son encontre. Les hommes qui ne parlaient pas pour ne pas contrarier la famille d'Astoria n'ont pas attendu longtemps avant de la dénoncer, tout comme les victimes qu'elle a pu dénigrer dans son passé ou blesser dans son présent. Trois mois, c'est le temps passé derrière les murs d'Azkaban pour la jeune femme. Sa libération, elle ne la doit qu'à l'influence des Gamp et à l'idée persistante qu'une femme ne peut pas être réellement un danger pour la société. Stupide idée. Il n'y a qu'Amos pour comprendre que les trois mois passés l'ont changée. Bien sûr, elle n'élève toujours pas le son de sa voix, elle est toujours aussi docile, en apparence. Mais intérieurement, son esprit se mêle et se brise. Sa vengeance est son moteur, celle envers les impurs et les hommes, mais pour ça, elle le sait, elle doit développer ses pouvoirs, devenir intouchable, imbattable et quoi de mieux pour cela que de suivre les promesses faîtes par les Humanistes ? Bien que volontaire, ses jours passés en compagnie des détraqueurs ont fait d'elle un être faible et les magies qu'elle cherche à apprendre sont dangereuses, même pour les esprits les plus sains. Alors, elle se persuade qu'elle peut y arriver, et que peu importe la souffrance endurée, elle ne doit pas renoncer.