Angus Dallheimer

Déjà nourrisson, Angus était un être calme. Pas un de ces bébés braillards, impossible à faire taire, qui piquent des crises abominables à la moindre contrariété. Aux yeux de ses parents et du reste du monde, Angus était un véritable petit ange. Un trésor pour sa mère, la prunelle de ses yeux. Mais tandis qu'il prend de l'âge, ce calme qui le caractérise se transforme bien vite en une tare ; il lui faudra très longtemps avant qu'il se mette à parler, contrairement à ses frères et sœurs. Non pas qu'il soit stupide, ou qu'il ne sache pas comment faire, il a d'ailleurs appris à lire très tôt, à l'âge de cinq ans, et à dater de ce jour reste constamment plongé dans les livres. C'est juste qu'il prend son temps. Ce monde est hostile, il le voit bien, Angus. Ce monde ne cherche qu'à l'écraser, et ouvrir la bouche, c'est prendre le risque d'attirer l'attention sur lui. Gamin prudent, il fait de son mieux pour se préserver, et a par conséquent du mal à s'intégrer. Souvent moqué à l'école par ses camarades de classe, il devient un solitaire dans l'âme qui préfère la compagnie des livres à celui des humains, qu'il a du mal à comprendre et dont il craint la présence. Trop choyé par sa mère, qui l'étouffe et le couve plus qu'elle ne l'encourage à s'ouvrir au monde, il reste cloîtré dans sa petite bulle. Sa lettre d'admission à Poudlard créa en lui un sentiment curieusement contradictoire, mélange d'angoisse à l'état pur et de vif soulagement. C'est partagé par sa crainte de ne pas trouver sa place et l'envie de commencer une nouvelle vie qu'Angus foule pour la première fois le sol du château pour rejoindre, à sa grande surprise, la maison des braves. À force d'efforts de sociabilisation, il parvient à sympathiser avec trois garçons de son dortoir, ceux qui changeront sa vie à jamais : Charles, Ignatius et Graham. Rendu confiant par leur compagnie et leur amitié, Angus s'épanouit, joli tournesol qui s'ouvre enfin à la lumière et cesse de se cacher dans le réconfort des ténèbres. Ce qui ne l'empêche pas de rester Angus, l'introverti, la douceur incarnée, qui préfère la compagnie des livres à celles des humains.

Il lui arrive souvent de se demander ce qu'il serait devenu s'il n'avait pas rencontré son petit groupe de Gryffondor, et la réponse lui fait peur ; il sait qu'il serait encore ce garçon qui rase les murs, effrayé par sa propre présence tout comme celles des autres, incapable de se défendre tout seul. Au fond, ce souvenir de lui-même est une force qui le pousse à avancer. Depuis sa sortie de Poudlard et la mort de son meilleur ami Graham, assassiné par l'armée de Grindelwald, le jeune homme s'est tourné vers la médecine : il se donne corps et âme à son travail. Et puisque ce n'est jamais assez, et qu'il ne supporte pas de rester seul dans son appartement vide à se laisser consumer par le deuil, Angus consacre son temps libre à rédiger les biographies d'illustres sorciers et de leurs exploits, parfois en tant qu'écrivain fantôme, parfois en utilisant son propre nom. Ses recherches lui permettent de voyager à travers le monde, d'explorer toutes les contrées ; lorsqu'il ne travaille pas, Angus reste rarement longtemps au même endroit. Plus que la soif de l'aventure, le besoin d'échapper au temps qui passe.