Amparo De Luca

Amparo.
Des yeux noirs qui flottent, absurdement grands, qui dénotent au milieu d'un visage de presque-sainte. Des airs de poupée, des airs pourtant entachés par l'expression écorchée d'un regard presque éteint, pardon, atteint. Atteint par quoi ? Par quelque chose d'aussi banal que la vie. La sienne, déjà trop lourde et trop remplie. À dix-sept ans vous pensez, ça devrait même pas être permis.

Elle est née à Santa-Lucia, en Italie. Un petit village minuscule comme y'en a des tonnes en Sardaigne, des parents très croyants, très chrétiens, très pauvres aussi. Et au début, à observer son existence, on pourrait supposer qu'elle sera paisible, malgré la difficulté de la famille à récolter l'argent qui leur permettra de manger, paisible parce que malgré tout il y a toujours à Santa-Lucia l'air de la mer, et puis une certaine chaleur à l'atmosphère. Sauf que petit à petit les soupçons autour de la gosse s'éparpillent ; et son père, il la croit sorcière. C'est qu'un enfant doué de magie ne contrôle pas ses pouvoirs, surtout né dans une famille profondément moldue. Et il suffit de quelques évènements inexpliqués pour que le père s'affole, qu'il ne voie plus sa fille que comme un être possédé. Par le Diable, celui qu'il craignait. Un être à rediriger vers Dieu, souvent en étant battu.Foutues croyances moldues.
Alors très tôt, Amparo prend peur de ses propres pouvoirs, qui deviennent le synonyme précurseur de sérieuses raclées. Elle prend peur de son père, du silence de sa mère. Elle encaisse, et au fil des années, les étranges événements disparaissent. Amparo s'en félicite, elle se dit qu'elle a guéri, qu'elle ne sera plus confronté aux colères de son paternel ; sauf que lui ne cesse jamais de pratiquer sur elle le mépris. Et ce que n'imagine aucun d'entre eux, c'est qu'en réalité, un Obscurus s'est développé au cœur même de la petite De Luca, une boule immense de magie refoulée.

C'est à ses onze ans, qu'arrive alors le drame ; à la suite d'une dérouillée particulièrement marquée, Amparo sent une terrible colère l'envahir, la contrôler, tout brouiller. Pas l'temps de penser que l'Obscurus est déjà réveillé. Pas l'temps de comprendre, que la petite maison de Santa-Lucia est brûlée, calcinée, et qu'elle est la seule à y échapper.
Le terrible constat arrive le lendemain matin : elle les a tués.
C'est Ginetta, une femme du village, qui la recueille après avoir été témoin de la catastrophe. Et Ginetta, elle même sorcière, elle comprend la nature du terrible mal qui est celui de la petite Amparo, et sait que la seule chose qui leur reste à faire est de partir. S'éloigner de ce village maudit, et surtout rejoindre les personnes qui seront en mesure de l'aider. Durant une année entière, les deux italiennes parcourent le pays, jusqu'à atteindre une connaissance de sa protectrice, une vieille sorcière qui avait déjà réussi à extraire un Obscurus d'un enfant par le biais d'obscures magies. Et si l'entreprise est risquée, elle réussit. Pour autant, la mise en garde de la sorcière est claire ; lorsqu'on devient Obscurial, on l'est toujours à vie. Et le mal en question est toujours susceptible de revenir un jour, quel qu'en soit votre avis.

Alors c'est sous le joug de cette malédiction, qu'Amparo essaie péniblement de se remettre à vivre. Ginetta et elle s'installent en Angleterre, où elle apprend la langue, et intègre même Poudlard pour y apprendre la magie. Mais si l'Obscurus a disparu, il reste chez elle la peur terrible de cette sentence qui pourrait un jour tomber, la certitude d'être condamnée. Elle a toujours cet air morose, Amparo, doublé d'un formidable talent pour se ficher de tout, de vous, de blesser ou d'être blessée. Parce qu'après tout, si la vie devait lui être retirée, quel aurait été le but de réellement y goûter ? Elle n'est pas asociale, la jeune italienne, car sa vivacité d'esprit attire les curieux qu'elle se fiche de repousser. Mais il semble toujours que les êtres qui tournent autour d'elle soient interchangeables, des entités avec une date de péremption qui pourraient disparaître sans qu'elle ait à sourciller. Et s'il semble toujours que la situation lui convienne, ce n'est cependant pas tout à fait la réalité.
Si Amparo se mettait un jour réellement à vivre sans peur de trépasser, peut-être pourrait-elle le réaliser.