Ambroise Avery

Silence bruyant, haine aveuglante. Façade d'ange et cœur de démon. Ambroise Avery est une contradiction à lui tout seul. Du moins, telle est l'image qu'il espère donner mais qu'il n'est pas. Une sorte de reflet dans le miroir qui ne lui ressemble pas. En société, devant les autres, Ambroise est un garçon irréprochable. Homme digne d'être bien marié, il se voit être diplomatique, silencieux, effacé, de nature assez pondérée. C'est une personne décrite comme ayant un sang assez froid pour en faire pâlir les glaciers les plus anciens de la banquise. La personnification du givre à l'état pur.

Seulement, ce n'est pas Ambroise.

Non, il est même bien loin de ressembler à cette façade surfaite qu'il s'attribue lui-même. Comme on le dit si bien, ne jamais juger un iceberg par sa façade immergée : ce qu'il renferme sous l'eau cache toute sa richesse, y puise toute sa vitalité. Caractériellement, Ambroise est hideux. Un vrai feu ambulant qui n'aspire qu'à faire brûler les personnes en sa compagnie. Colérique, ayant la rage comme seul compagnon d'armes, le sorcier n'est pas devenu aussi monstrueux par nature, non. C'est son dur vécu qui l'a sculpté de la sorte. Père absent et mère joliment vêtue de haute couture et blottie chaudement dans les bras de son amant, ce ne sont tout de même pas les uniques responsables de sa défiguration. La seule personne à blâmer n'est autre que son grand-père, Ambroise Sr, qui s'est lui-même occupé de l'éducation du serpent. Homme de poigne, son épouse n'a alors nul mot à dire face à la prestance imposante du quinquagénaire qui préfère élever le pauvre bambin à la dure, à coup de plusieurs altercations répétitives entre la main de ce dernier et la joue de notre pauvre Ambroise lorsque la mauvaise humeur l'emporte. C'est donc cette mentalité assez conservatrice et quasi-inhumaine qui pousse le grand-père Avery à envisager d'enfermer son petit-fils et de faire des placards exigus la seconde maison de l'enfant. Il y passe la majorité de son temps, même plus que ce qu'il ne partage annuellement en compagnie de ses parents, lorsqu'ils daignaent se montrer, insouciants quant aux châtiments rudes que subit leur pauvre progéniture. Passer de longues heures à implorer la clémence d'Ambroise Sr ne suffit pas à diminuer ses heures de confinement, mais engendre l'échange de fausses promesses que l'enfant brise à chaque fois. Promesses d'un comportement sain et tolérable, qu'il trouble avec quelques excès de violence qui le conduisent à un nouveau tour dans un tout nouveau placard, plus exigu que le précédent.

De toute son enfance, personne ne cherche à l'aider. Aucune intervention, aucune main tendue pour lui venir au secours. Rien. Rien que sa propre épaule sur laquelle il pleure occasionnellement pour ne pas dire quotidiennement, et son impulsivité naissante qui se développe en rage florissante.

C'est son entrée à Poudlard qui le libère de ce cycle infernal. Il faut alors savoir qu'Ambroise déteste son prénom, pour dire vrai, il déteste être affilé à son grand-père, et préfère se faire appeler Avery. Son instabilité mentale est son secret le mieux gardé, car personne à Poudlard ne semble s'en douter, pensant que ses attaques perpétuelles aux nés-moldus ne sont que le fruit de la mentalité qu'on lui a injectée depuis son plus jeune âge. Harcèlement, menaces à peine voilées, Avery use encore une fois de sa discrétion pour déverser sa fureur. Rapidement, Tom Jedusor, une bonne connaissance d'Avery, juge bon de le faire intégrer au club des chevaliers de Walpurgis, qui devint rapidement son foyer le plus loyal. Les années passent et voilà que ses parents décident de le réduire au rang de pantin seulement, en le fiançant à l'unique demoiselle de haut rang disponible pour des épousailles prochaines : Lenore Greengrass, la douce enfant mal vue par ses proches. Avery n'a donc plus le choix : son avenir est lié à celui de Lenore, une âme sensible opposée à l'être désagréable et revêche qu'il est.

Intéressé par la cause puriste de Grindelwald, le mage noir est emprisonné en juillet 1945, quelques mois après qu'Avery ait véritablement commencé à s'approcher du mouvement pour le rejoindre. Le sorcier disparait alors du paysage, seulement pour laisser place à d'autres forces, plus puissantes, plus obscures, qui captivent l'attention d'Ambroise. Il rejoint donc les rangs des Humanistes de Freyja, fasciné.