Althea Lovegood

Althea est née en France, dans un foyer en marge de la société, de l'union réprouvée d'une vélane française et d'un sorcier anglais. Elle souffre très tôt du perfectionnisme exigé par sa mère Diane, laquelle craignait certainement de voir ses filles rejetées par la société magique pour leur nature hybride ; un peu débordée par son rôle maternel, celle-ci se montre tour à tour d'une grande rudesse, et d'une tendresse retenue, d'une écoute sage et pudique envers elles. Loin d'être malheureuse, elle reste cependant longtemps partagée entre l'image maternelle inatteignable, et l'envie viscérale de s'en détacher totalement. À l'école Beauxbâtons, Althea se voit rapidement affublée d'une étiquette de jolie écervelée et de coquille vide, réputation seulement basée sur son sang de vélane, et la solide dyslexie qui ne manque jamais de la tourner en ridicule au sein des classes. Elle n'est ni harcelée ni mal-aimée ; mais elle a la solide impression de ne pas être vue pour ce qu'elle est, de n'être qu'une poupée de cire trimballée de mains en mains et peu prise au sérieux, modelée par les mots et les pensées superficielles, par les jugements à la volée. Peu à peu, elle trouvera un simulacre de réponse à ce malaise en repoussant un à un les rigides codes de féminité inculqués par sa mère, qui lui collaient à la peau sans qu'elle ne puisse s'en défaire : elle s'intéresse de près aux disciplines manuelles et à l'art des duels – auquel elle devient une adversaire redoutable – et s'autorise à développer un caractère critique et ambitieux. Souvent en conflit avec Diane à cette époque, elle provoquera quelques esclandres pour le simple plaisir de se sentir enfin exister, et trouver une place dans cette société qui ne soit pas celle qu'on lui ait imposée. Cette période de rébellion douce s'achèvera vers la fin de sa scolarité, à laquelle elle décidera de rejoindre la capitale française. À Paris, elle est engagée en tant qu'apprentie à la maison Verrier, et y fait ses armes en gemmologie magique – une discipline dans laquelle elle trouve enfin une application saine au perfectionnisme maternel inculqué il y a de ça des années. Avec son amie Adélaïde, elle prend part au milieu artistique parisien, et fréquente des groupes idéologiques proches de Witches Of Anarchy, fondés par des proches de Emma De Cleyre. Dans ces espaces militants, elle se forge une réputation de jeune femme ambitieuse aux mots tranchants et toujours bien choisis – même si secrètement, elle ne peut s'empêcher de se laisser terriblement atteindre par les critiques ou attaques à son encontre, toujours fragile et inquiète du jugement des autres.
Ambitieuse, Althea aspire à monter sa propre affaire de joaillerie magique, sans pour autant risquer de faire concurrence à la famille Verrier, à laquelle elle reste loyale et reconnaissante. Elle décide alors de s'installer dans le Londres d'origine de son paternel, et déniche une boutique en ruines sur l'une des places les plus prisées du Chelsea sorcier. Après les rénovations et l'ouverture officielle, le commerce ne tarde par à attirer une clientèle vaste et fortunée, et la jeune Lovegood devient la coqueluche du luxe anglais. Mais sa notoriété est loin de s'arrêter aux regards des veuves ennuyées, puisque le mot circule désormais dans les rues de Londres, que trônent dans ses vitrines nombre de pierres puissantes, taillées par ses doigts de fée. On dit que quelques organisations lorgnent sur son savoir-faire particulier, et ont déjà essayé de l'approcher. Sans succès, car Althea l'a déjà acté : elle est la seule qui tirera profit de son talent.