Alphard Black

Alphard n'a jamais bien su ce que ça voulait dire être différent. Pourtant il a bien vite compris qu'il l'était. Dès son enfance il fut décrit comme un gamin étrange et peu digne des valeurs familiales, oublié sur le banc de touche des Black à l'image de certains de ses ancêtres. Ses parents ne l'avaient pas spécialement attendus, il était le vilain petit canard avant même de naître, pas de fiancée prévue d'avance. Enfant particulièrement fatiguant pour ses parents, et les nombreuses gouvernantes, il passa la plupart du temps enfermé dans la bibliothèque du manoir familiale, grand passionné de littérature, notamment la littérature moldue qu'il se procurait en cachette, il s'intéressait à tous les domaines, allant des romans policiers aux œuvres philosophiques. Gamin curieux, son père n'a jamais réussi à le contrôler et sous les conseils de ses pairs, il prit la décision de l'envoyer dans une autre école de magie, bien moins laxiste que l'est Poudlard, Durmstrang. Lorsqu'il eut onze ans et après la confiscation de ses nombreux ouvrages et de nombreux hurlements de protestations quand Pollux les enflamma dans l'immense jardin de leur propriété, il prit le train en direction de la Bulgarie. Très vite il en vint à détester sa famille et ses valeurs moyenâgeuses et développa une véritable haine à l'égard de son père et promit qu'il partirait loin de leur influence néfaste dès qu'il pourrait, il s'échapperait de leur cage dorée dont il n'a jamais voulu.
Durmstrang fut une véritable douche froide pour le jeune Alphard, qui se retrouvait loin de tout ce qu'il avait connu, que ce soit de sa culture, comme de sa langue. Il se rend bien vite compte de la chance qu'il a eue en Angleterre. Si l'éducation des Black fut terrible, celle de ses nouveaux professeurs fut pire encore, et éveilla chez lui un véritable esprit de rébellion, si Pollux voulait que son benjamin rentre dans les rangs, cela ne fut pas le cas, bien au contraire. Alphard devint l'adolescent connu pour ses séjours en retenues, pour le nombre incommensurable de punitions accumulées, chaque vacance d'été devint un cauchemar, plus le temps passait plus Alphard s'éloignait un peu plus de ses proches, devenant un véritable poids pour ceux qu'il appelait autrefois sa famille, à la fois déchirant et libérateur. Chaque beuglante qu'il recevait, chaque coup de bâton sur son dos meurtri, chaque injure, fut une victoire contre les espoirs de son père. Il refusait de se soumettre à ses envies, à ses pensées qu'il jugeait terrible. Dans son école lointaine, la bibliothèque devint un refuge et ses mots une arme contre les nombreuses brutes sans cervelles qu'il eut l'occasion de croiser dans les vieux couloirs. Véritable moulin à sarcasme, l'éducation qu'il reçut là-bas le forgea dans ses pensées à contre-courant de celles de sa famille et lui enseigna de se dresser devant ses ennemis et de ne jamais baisser la tête. Endurci mais pas bien différent du grand lecteur qu'il fut un jour, il ne compte plus que sur lui-même et a d'autant plus envie de fuir loin d'une famille qui, de toute façon ne veut plus de lui.

A l'approche de la seconde guerre mondiale, Alphard fut rapatrié en Angleterre, âgé de quinze ans, il fut contraint de retourner vivre avec des parents qu'il ne voit plus comme tel et des frères et sœurs devenus de véritables étrangers. Comme beaucoup d'enfants récupérés en urgence par des parents effrayés par la situation en Allemagne, Alphard fut envoyé à Poudlard en urgence et sans grande surprise, se vit envoyé à Serpentard, bien qu'il ait toutes les qualités d'un Serdaigle, Alphard est un ambitieux, prêt à mourir pour ses valeurs humanistes, aussi il est tout naturel qu'il s'isole des autres verts et argents qui partagent les idées de ses parents qui désormais lui donne des nausées. Devenu un adolescent manipulateur, Alphard sait exactement ce qu'il a à faire en attendant son échappatoire, loin de l'Angleterre, loin de la bêtise des hommes qui se pensent au-dessus des lois de la nature pour quelques pouvoirs en plus. Véritable anomalie chez les Black, il est le vilain petit canard qui ne se transformera jamais en cygne. Plus il s'éloigne des valeurs qui ont été les siennes plus il voit sa familles et leurs amis comme de véritables monstres, Pollux qui semble avoir perdu tout contrôle sur Alphard essaye tant bien que mal de garder la face en parlant de la déception qu'est son troisième enfant, d'ailleurs, le sujet Alphard est assez peu mis sur le devant de la scène, aux repas de famille, l'adolescent n'apparait pas, ou très peu, il salue quelques personnes et repart sans demander son reste, ne supportant plus la simple vision de ces inconnus, se demandant s'ils sont bien du même sang.
Pendant des années, Alphard s'est demandé quel était son problème. Etait-il cassé ? Pourquoi ne rentrait-il pas dans le moule comme les autres ? Puis, il s'est fait à l'idée qu'il ne leur ressemblerait jamais, qu'il ne serait jamais ce souriant imbécile sans vie que ses parents auraient voulu, une ombre de son frère et la marionnette de Pollux, non, il lui ferait la guerre jusqu'à son dernier souffle, à la fin il ne leur devra rien, pas une seule mornille, il en va de son amour propre, il ne veut dépendre de personne si ce n'est de lui-même, Alphard est un battant, celui qui a ébranlé tout un système d'éducation pourtant efficace sur les autres, oui Alphard est différent des membres de sa famille mais il n'a plus peur de l'être, quitte à faire mal à ceux qu'il a aimé. Peintre à ses heures, ses tableaux lui permettent de ne pas exploser, il lui arrive également, dans un monde qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez d'écrire ce qu'il ressent dans des carnets, de poser sur la toile les émotions qu'il ne peut pas exprimer sans être traiter de fou par ceux qui l'entourent.