Adele Roberts

Adele est née dans un monde où seules les apparences ont de l'importance. Fille de personne, elle passe ses premiers jours dans un orphelinat français, perdue entre ceux dont le monde ne veut pas et ceux qui n'ont pas le choix. Elle fait partie des indésirables de la société, des déchets d'une existence. Ses années à Beauxbatons ne mènent à rien, ne conduisent qu'à des notes catastrophiques à la hauteur de la déception qu'elle procure chez les gens qu'elle peut croiser, chez les parents qui ont un jour eu la volonté de l'adopter. Mais quel intérêt ? Pourquoi réussir quand on lui a très vite appris que la vie préfère détruire ? Qu'importe la bonne prononciation des mots, la connaissance des potions, des animaux, quand on est doté de dons en magie ? Elle, c'est tout ce qui lui suffit. Tout ce qu'Adele désire, c'est de devenir la meilleure duelliste, connaître les meilleurs sortilèges. Elle n'a que faire du reste. Alors, dans sa chambre, elle s'entraîne, elle utilise les animaux de ses compagnons de classe, car la souffrance qu'expriment les êtres ne lui procure rien si ce n'est une lassitude lorsqu'ils finissent par s'épuiser. Non pas qu'elle ne soit sadique, mais elle considère simplement qu'elle n'a pas d'importance et les autres non plus. Une vie en moins ne changera pas la face du monde, qu'importe la façon dont cette dernière peut s'éteindre.

Ainsi, Adèle n'est rien et c'est grâce à cette vérité qu'elle devient quelqu'un. En France, elle se fait vite repérer, à force de voler dans les poches des gens, elle finit par tomber sur ceux qu'on ne doit pas approcher et à qui on ne doit rien dérober. A 24 ans elle trouve dans l'aube noire française l'occasion de se racheter. Pour eux elle vole, pour eux elle tue, pour eux elle existe. Et quand ils lui demandent de disparaître, elle le fait. Pendant deux ans elle n'existe plus, elle apprend comme elle ne l'a jamais fait auparavant. Son accent français se fait australien lorsqu'elle parle anglais. Elle apprend cette autre langue sur le bout des doigts, elle se construit une vie, un passé, une enfance joyeuse, un ancien bonheur. Elle prétend vite, se met à sourire, se met à rire, tout devient jeu et inventions. Son nom change, seul son prénom reste et de française, Adele se fait ainsi australienne. Pour l'aube noire, elle quitte le peu qu'elle a pour aller s'installer en Angleterre. Elle prétend qu'elle arrive pleine d'espoir pour se construire un avenir et ce dernier semble déjà radieux. A Londres elle se fait un nom, elle revend des livres anciens, des livres puissants dont elle a appris le contenu mot par mot. Elle se fait experte et dévoile un don immense pour prétendre qu'elle est une toute autre personne que la petite française paumée. Loyale à l'extrême, elle ne dévoile rien. Ses échanges avec les français se font sans la moindre trace. Des codes, des mots, des lettres dont personne n'a le secret. Trahir ? Adele préfère mourir. Ceux qui lui ont donné une chance ne peuvent pas être déçus par sa personne.

Celle qui ne fut rien se fait désormais multiple. Celle qu'elle fut n'est plus, elle est celle qui se tait, se fait secrets, mystères qu'elle ne dévoile pas, qu'elle ne dévoile plus. Où qu'à travers des imperceptibles soupçons dans ses traits. La vendeuse de livres est de celles qu'on approche petit à petit et lorsque l'aube noire anglaise vient lui parler dans le but de passer par elle pour commander de rares ouvrages, elle sourit. C'est qu'elle le sait. Un jour, elle aidera à faire tomber toutes les personnes qui pensent qu'elle est là pour les aider. Et dans les livres qu'elles donnent, elle y glisse quelques formules, quelques potions qui peuvent achever leur lecteur. C'est que si elle peut en profiter pour les diminuer, pourquoi devrait-elle se priver ?